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      Un médecin tibétain renommé : Chemo Losang Tenzin

      Publié le 2020-04-23 à 12:57  |  China Tibet Online


      En photo : M. Tenzin, en 2006.

      Tenzin, médecin, est une personne qu'on n'oubliera pas après la première rencontre, car il a non seulement un bon visage et une bonne allure, mais aussi un regard profond et per?ant qui semble pouvoir diagnostiquer les maladies du corps et pénétrer l'origine du mal dans le c?ur.

      En octobre 2005, je suis allée à Lhassa de Beijing. A mon arrivée sur le plateau, j'ai souffert du mal chronique à cause de la haute altitude, qui n'avait d'ailleurs toujours pas l'air de dispara?tre au bout des 3 mois suivants. En voyant que j'étais de plus en plus faible, notre rédacteur en chef M. Gyatso m'a finalement recommandé d'aller chercher le médecin M. Tenzin.

      M. Tenzin habitait dans un nouveau quartier à Lhassa. C'est son épouse qui nous a ouvert la porte. Elle affichait toujours un sourire doux et nous a dirigés vers leur balcon dans la cour. M. Tenzin est ensuite sorti de la chambre. Il avait un peu plus de 60 ans. Ses traits étaient réguliers avec une peau toute bronzée, des cheveux gris, une moustache touffue, les sourcils épais retroussés à l'extrémité et les yeux brillants.

      Il m'a taté le pouls et, avant de me prescrire des médicaments, m'a demandé si j'avais des sympt?mes. Et puis, la prescription : c'était tout simple, deux sachets de petites pilules blanches. Il m'a ensuite expliqué comment prendre les médicaments et m'a demandé de revenir le consulter après avoir tout pris. Donc, plus tard, je suis allée le visiter trois fois de plus. Chaque fois, il ajustait les recettes. Je me suis rétablie au bout de 3 mois de traitement.

      Un jour, un ami de Beijing m'a donné un coup de fil pour se renseigner sur la médecine tibétaine car mon ami, lui, avait un ami qui souffrait d'une maladie étrange après avoir dormi par terre dans un batiment en ciment nouvellement construit. Les maux se sont manifestés en été et sont devenus persistants depuis lors. Cette personne avait des douleurs partout, à tel point que le malade se vautrait de souffrance. Il a consulté les médecins de tous les h?pitaux mais aucun traitement n'a guéri la douleur. Pour ce, je me suis rendue à la maison de M. Tenzin, qui a eu l'air inquiet après avoir écouté mes descriptions, en disant : ? C'est le froid qui a envahi son corps. Maintenant qu'il n'est pas là, je n'arrive pas à diagnostiquer précisément sa maladie. Il ne peut que prendre des médicaments pour voir l'effet. ?

      Deux mois plus tard, mon ami m'a rappelé : ? Pendant les deux mois de traitement par les médicaments, la maladie étrange ne s'est pas redéclarée. Cela montre que le remède est utile. Je te demande la faveur d'aller demander les médicaments pour deux mois de plus. ?

      Une fois, j'y suis allée après une interview. M. Tenzin m'a vue porter un appareil photographique et m'a demandé : ? Tu sais bien photographier ? ? J'ai répondu : ? Pal mal ?. Il a souri : ? La prochaine fois que tu viens, prend des photos de portrait pour moi ! Pour des occasions, j'ai besoin d'une photo de portrait formel, mais je n'en ai pas. ? Je lui ai dit que je pouvais le faire tout de suite mais il a refusé parce qu'il voulait prendre ses vêtements formels.

      Rendez-vous pris. Je m'y suis rendue exprès pour la photo. Ce jour-là, M. Tenzin a attentivement coiffé ses cheveux et sa moustache et a sorti ses deux costumes, l'un à la tibétaine et l'autre à la chinoise, pour la photo. Il a demandé de changer les postures, debout et assis par exemple, et d'alterner les scènes, en salle et en dehors, avec bien d'enthousiasme. Quand il s'est changé en costume chinois, il m'a expliqué avec fierté qu'il s'agissait d'un costume fait sur mesure commandé par l'état pour qu'il participe à une réunion importante tenue à Beijing. J'ai l'impression qu'il ressemblait à un enfant ce jour-là.

      Avec toutes ces rencontres, j'ai peu à peu familiarisé avec M. Tenzin. Pour lui, un homme beau d'age moyen et un talent en médecine, j'ai développé de l'affection en plus du respect.

      Encore une fois, j'ai voulu prendre rendez-vous avec M. Tenzin pour des médicaments. C'était un vendredi. Il m'a dit d'aller à sa clinique si j'allais le chercher le lendemain ou après le lendemain, car il y donnait des consultations médicales gratuites le samedi et le dimanche. La clinique est un appartement tout petit et simple. M. Tenzin diagnostique les visiteurs dans la salle extérieure et ses deux élèves préparent les médicaments à l'intérieur. C'est une affaire à laquelle il s'attache depuis des années et il ne demande seulement aux patients que de l'argent couvrant le co?t des médicaments.

      Dans sa clinique, tout le monde était très respectueux envers M. Tenzin qui ne parlait cependant pas beaucoup et se concentrait sur son diagnostic et son ordonnance. J'ai causé avec les visiteurs dans la file d'attente. Selon eux, il faut venir très t?t pour faire la queue si on veut consulter M. Tenzin qui est capable de recevoir une centaine de personnes par jour. Des gens sont arrivés vers quatre ou cinq heures.

      Un jour, il m'a appelé pour aller chez lui. A travers ses paroles, j'ai ressenti de la joie et j'ai été curieuse de ce qui lui est arrivé.

      Quand je suis arrivée, il m'attendait déjà dans la salle de soleil et m'a dit avec un peu d'excitation en indiquant des piles de cahiers et de manuscrits sur la table : ? Tu as des connaissances dans la Maison d'édition du peuple du Tibet, n'est-ce pas ? Peux-tu leur demander de regarder ces documents ? Ce sont des manuscrits sur mes expériences cliniques durant des dizaines d'années et des dizaines de formules très assurées. Je voudrais les publier. ? J'en ai été étonnée et j'ai examiné les cahiers et manuscrits jaunis. Il s'agissait toutes d'écritures tibétaines nettes. Ils étaient vraiment nombreux et précieux ! Ainsi, je lui ai exprimé mes doutes : ? Les recettes sont un secret pour votre famille et pour vous-même. Il s'agit d'une transmission la plus valeureuse. Si vous les publiez, les autres individus ou institutions médicales ou pharmaceutiques seront en mesure de fabriquer vos médicaments exclusifs ! ? ? Tant mieux ! La médecine est faite pour guérir l'homme. Le nombre de patients que je suis capable de traiter est limité. Plus les gens savent produire de bons médicaments avec mes formules, plus les gens pourront être sauvés ! ?


      En photo : M. Tenzin, en 2012, les cheveux plus gris et les yeux plus doux.

      Voyant ses yeux brillants en parlant, j'éprouvais une extrême honte pour mon esprit étroit. Ces formules sont une richesse accumulée des neuf générations de sa famille et le fruit d'une quarantaine d'années de pratique de médecine. S'il dépose un brevet d'une seule formule et la vend à une entreprise pharmaceutique, il en tirera un grand profit, sans parler des dizaines ! Toutefois, M. Tenzin a choisi de les publier au monde sans compensation.

      Au fond du c?ur, j'ai été fort frappée. Dans le monde, un être humain est insignifiant mais le charme de sa nature peut exhaler une force infinie.

      (Rédactrice: Claire SHENG)

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