Liu Jing, une fille de trente ans environ, garde toujours un couteau dans son sac. Il s'agit d'un couteau à découper qu'elle utilise depuis son apprentissage de la gravure tibétaine à l'Institut d'impression Derge du Sichuan, il y a deux ans. Pour elle, le couteau à découper incarne les liens étroits qu'elle entretient avec la culture tibétaine.
Liu Jing, née à Leshan, dans la province du Sichuan, et vivant actuellement à Lhassa, est une designer spécialisée dans les thèmes culturels et créatifs. Elle est tombée amoureuse de la culture tibétaine depuis son enfance. En 2019, elle a été sélectionnée dans le cadre du projet annuel de soutien à la formation des talents de la Fondation nationale des arts de Chine et s'est rendue à Derge, dans le Sichuan, pour apprendre les techniques de gravure tibétaine. Pendant cette période, elle a cessé de travailler pour son employeur, a affiné ses compétences dans l'apprentissage et la gravure apparemment ennuyeux, et a passé une demi-année à reproduire la plaque d'impression représentative "Guanyin à mille mains " de l'Institut d'impression (Guanyin est un bodhisattva extrêmement populaire dans la culture chinoise) de Derge.
Le Guanyin à mille mains réimprimé par Liu Jing a été collecté par l'Institut d'impression de Derge et continue d'être imprimé et utilisé, rempla?ant l'ancienne plaque d'impression. "Cela symbolise un relais culturel entre le millénaire passé et celui à venir. L'alternance du neuf et de l'ancien est aussi la continuation et l'héritage de l'esprit culturel." Liu Jing a déclaré qu'au cours du processus de création, elle s'est entièrement concentrée sur la pointe du couteau et a ainsi acquis une compréhension plus profonde du fait que "se concentrer sur une seule chose mène à la sagesse".
La technique de gravure et d'impression tibétaine de l'Institut d'impression de Derge a été sélectionnée dans le premier lot de la liste du patrimoine culturel immatériel national de la Chine en 2006. Plus Liu Jing approfondit sa compréhension de cet art, plus elle se sent investie d'une grande responsabilité.
"Il est urgent de protéger et de transmettre le savoir-faire tibétain en matière de gravure. Il faut que plus de gens le voient et que plus de jeunes s'y mettent." Amoureuse des techniques de gravure tibétaine, Liu Jing s'est un jour demandé si elle serait aussi un "artisan" dévoué à la gravure. Elle croit cependant plus fermement qu'elle joue un r?le plus important, en tant que créatrice, en construisant des plateformes et des canaux pour que le patrimoine culturel immatériel tibétain soit "vu" par davantage de personnes. "Il ne s'agit jamais seulement de mon intérêt personnel".
"L'art de la gravure tibétaine ne doit pas toujours être le même que par le passé. Cet art devrait embrasser et s'adapter à la mode. La création culturelle ne devrait pas seulement comporter la culture, mais aussi de la créativité." Liu Jing a introduit qu'à l'heure actuelle, elle essaie également de réaliser un design créatif avec des éléments de gravure tibétaine et de développer des produits culturels et créatifs. Elle a déclaré qu'elle espérait qu'un jour, grace à des produits créatifs et des expositions, les compétences en matière de gravure tibétaine et la culture tibétaine pourraient être diffusées dans d'autres endroits.
(Rédactrice : Lucie ZHOU)