Xu Jianyuan tresse un article de bambou dans son atelier.
Tressant de ses mains habiles des bandes de bambou, Xu Jianyuan continue à travailler jusqu'à parvenir à une magnifique ?uvre d'art, surprenant la foule par la magie de son savoir-faire artisanal.
Sur son oeuvre, le portrait de Zeng Gong, un poète célèbre qui a vécu dans le district de Linchuan, dans la province chinoise du Jiangxi (est), pendant la dynastie des Song (960-1279), semble prendre vie.
Entouré par un groupe de visiteurs lors d'une exposition visant à promouvoir les cultures locales, M. Xu, qui a passé 37 ans à tresser des bandes de bambou dans sa ville natale de Jiangxi, a rencontré ses admirateurs de Douyin (Tik Tok), une plateforme très populaire de partage de vidéos en ligne.
"Je n'étais qu'un tisseur ordinaire, et je n'avais jamais pensé que mes ?uvres auraient un tel succès sur Internet", confie M. Xu.
Il a posté en novembre dernier un clip vidéo montrant ses talents d'artiste de tisseur de bambous sur le compte Douyin du gouvernement local. A sa grande surprise, la courte vidéo a enregistré plus de 6 millions de clics et près de 200.000 likes.
Les gens qui ont vu ses courtes vidéos sur la plate-forme sont venus de partout pour acheter ses oeuvres, ce qui l'a conforté. Il a gagné environ 50.000 yuans (7.274 dollars) au premier trimestre de cette année, autant que son chiffre d'affaires annuel des années passées.
Les gouvernements locaux ont collaboré avec Douyin pour promouvoir le patrimoine culturel immatériel. Douyin a lancé une campagne en avril pour aider les héritiers de ce savoir-faire à le mettre en valeur et à présenter sous leur meilleur jour ces objets d'artisanat d'art.
Les statistiques de Douyin montrent que plus de 24 millions de vidéos liées à 1.214 patrimoines culturels immatériels sont apparues sur la plate-forme de partage de vidéos, d'après le bilan établi en avril 2019, avec un total de plus de 106,5 milliards de vues.
Zhang Nan, président de Douyin, a déclaré que son objectif était de faire vivre le patrimoine immatériel et de permettre aux héritiers de cette culture de mieux vivre.
Xu Jianyuan, qui a hérité de cet art du tressage des bandes de bambou, agé de 52 ans, n'a jamais renoncé à l'artisanat traditionnel.
Un visiteur admire l'?uvre de Xu Jianyuan "la scène au bord du fleuve au festival de Qingming.
M. Xu est devenu un tresseur de bambou à l'age de 16 ans. Les articles en bambou étaient très populaires à cette époque, et au moins une personne sur quatre ma?trisait cet artisanat dans son village de 1.000 habitants.
"A la fin des années 1980, les gens travaillaient la terre pendant la saison des cultures et fabriquaient des nattes de bambou pendant leur temps libre", se souvient-il.
Malheureusement, les produits en bambou ont été abandonnés au fur et à mesure que les alternatives en plastique gagnaient du terrain avec des prix bien inférieurs, à la fin du 20e siècle. De nombreux tresseurs de bambou ont perdu leur emploi et sont partis à la recherche d'un travail dans les villes.
Alors que l'efficacité de la production avait considérablement augmenté, les usines ont commencé à mettre en ?uvre la mécanisation à grande échelle, ce qui a eu pour conséquence de moins en moins de demandes pour des nattes de bambou faites à la main.
La vie est devenue difficile pour la famille de l'artisan. M. Xu et sa femme travaillaient plus de 10 heures par jour mais ne parvenaient pas à vendre les nattes qu'ils avaient fabriquées. Le couple avait du mal à gagner 10.000 yuans en récompense du dur labeur d'une année entière.
"Je n'ai jamais pensé que les articles de bambou faits à la main devaient être démodés, destinés seulement à un public de niche", a déclaré M. Xu.
La pauvreté l'a amené à opérer à un changement. Au lieu de tresser des nattes et des paniers en bambou, il a choisi de réaliser des ?uvres d'art de haute qualité, notamment des portraits de grands hommes, des tableaux célèbres tels que "La scène au bord du fleuve au festival de Qingming", un chef-d'?uvre de Zhang Zeduan de la dynastie Song.
L'artisanat a gagné sa place sur la liste du patrimoine culturel immatériel provincial en 2009 et M. Xu en est devenu l'héritier un an plus tard. Il a ouvert un atelier proposant des cours aux écoles et aux entreprises locales.
Grace aux plates-formes de courtes vidéos, M. Xu est plus ambitieux et envisage d'ouvrir un magasin en ligne.
"Le savoir-faire et la sagesse de nos ancêtres ne peuvent se perdre", affirme-t-il. "Les commentaires des internautes en ligne m'ont encouragé à continuer, et cela en valait la peine."
(Rédactrice : Claire SHENG)