Eh oui, ces deux productions font partie de l’artisanat, quand on parle de la Chine. Les travailleurs de l’Antiquité chinoise ont contribué au développement et à la propagation de la culture au moyen de peintures et de calligraphies qui sont parvenues intactes jusqu’à nous.
Huizhou, dans la province de l’Anhui, est le berceau de ? l’encre de Chine ?, connue et utilisée dans le monde jusqu’à aujourd’hui. L’encre de Huizhou est d’un noir profond et opaque, et elle peut être conservée pendant des siècles. En 1915, elle s’est mérité la médaille d’or à l’Exposition universelle de Panama/San Francisco pour sa qualité. L’usine d’encre Hu Kaiwen, ouverte en 1792, existe encore actuellement,et on peut la visiter.
Quand le réalisateur Li Hanxiang, de Hongkong,s’apprêtait à tourner le film L’Incendie du Yuanmingyuan, il cherchait une carte originale du palais afin de construire une maquette. Or, on a découvert par hasard une série de moules à encre en jadefabriqués pendant la dynastie des Qing, et qui montrent 64 paysages tels que le Palais impérial, le Palais d’hiver, le Palais de la mer du sud, etc. Ces moules sont maintenant conservés à l’usine d’encre Hu Kaiwen.
Les procédés de fabrication d’un bloc d’encre sont enregistrés dans Techniques principales du peuple chinois, un ouvrage de Jia Sixie, de la dynastie de Wei du Nord. La fabrication de l’encre passait par huit opérations : brulage (de bois de pin, puis réduction en cendre), mélange (avec de la colle, du cinabre et du musc), martelage, moulage, coupe, décoration, dorure, emballage.
Voici la légende de l’invention de l’encre. Un jour, Xin Yi se lavait les mains dans un ruisseau quand il vit un morceau de charbon de pin flotter sur l’eau. Il le ramassa, et constata que ses mains étaient salies. Inspiré, ilemporta le morceau de bois brulé chez lui. Il le broya en poudre, le mêla à du riz, et délaya le tout ; puis, il prit un pinceau et se servit de cette préparation pour écrire.
Xin Yi est né sous la dynastie des Zhou de l’Ouest, dont il subsiste des tablettes de bambou ou de bois portant des inscriptions de l’époque. C’est grace à l’encre que la sagesse et l’érudition de l’antiquité chinoise sont parvenues jusqu’à nous.
Comment choisir l’encre chinoise ? En général, le charbon de pin produit une encre très foncée, qui convient à la calligraphie pour le contraste noir sur blanc; le bois de teck, par contre, donne une encre plus claire qui convient à la peinture de montagnes, d’eaux et de personnages.
L’encre de Huizhou est parfumée, sa texture est onctueuse et légère. Elle n’est pas collante, et n’imprègne pas le papier.
Contrairement à l’encre des pays occidentaux, l’encre de Chine se présente sous forme de baton. Les blocs peuvent être ornés d’écriture ou de dessins en relief et peints or, ou rouge ; ils peuvent aussi être sculptés, et signés même. De tels batons d’encre – exclusifs – font l’objet de collection de la part des connaisseurs. Voici quelques exemples de produits vendus en ligne au prix de 28 à 43 euros.
Il existe de l’encre solide jaune, servant à la peinture; sa préparation est plus compliquée que celle de l’encre ordinaire. Aussi, elle a un effet sur la santé car elle contient une dizaine de plantes médicinales comme la poudre de perle, le bornéol, le musc, le polypore.
Vous avez sans doute déjà entendu l’expression ? les quatre trésors du cabinet du lettré ?. Il s’agit du papier, du pinceau, de l’encre, et de la pierre à encre ou encrier.
Image empruntée à Wikipédia :
Encrier, baton d’encre et pinceau.
L’encre solide se présente sous formede batonnet que l’on frotte sur la pierre à encre de manière à le raper légèrement ; on ajoute de l’eau goutte à goutte afin d’obtenir une encre fluide de consistance voulue. L’encre liquide qu’on trouve en bouteille est sans doute plus pratique, mais elle ne permet pas de choisir la densité voulue. Ainsi, bien que je ne m’en sois jamais servie, j’ai collectionné ces mini-récipients qui servent à ajouter del’eau.
Le stylo sur la photo sert de référence pour la taille des vases.
L’encre fait la paire avec l’encrier. Ce dernier existe en diverses formes, matières, et dimensions.De toutes les pierres à encre qui sont entrées chez moi, celle que je préfère est cette création en helanshi ou pierre du mont Helan. Dans mes articles sur la pierre, au début de cette rubrique,j’ai parlé de cette pierre extraordinaire et unique au monde. Elle est d’un noir ? chaud ?, et veinée de vert. Bien que je n’écrive pas au pinceau ni ne peigne à l’encre, je conserve cet objet souvenir comme un des plus précieux.
Enfin, je voudrais vous faire partager ce souvenir qui m’attendrit encore : la plume avec laquelle j’ai appris à écrire dans les années 1950, au Canada. Le manche était permanent, et l’on changeait les pointes lorsqu’elles étaient usées ou endommagées (pointes écartelées). Elle repose sur un porte-plume chinois que j’ai acheté cinquante ans plus tard dans un marché aux puces, quelque part en Chine. à c?té, un encrier à encre liquide en forme de cigale. Il porte une cheminée de ? respiration ? qui, je crois, permet d’éviter les éclaboussures lorsqu’on y plonge le pinceau.
Techniques principales du peuple chinois, un ouvrage de Jia Sixie, de la dynastie de Wei du Nord. La fabrication de l’encre passait par huit opérations : brulage (de bois de pin, puis réduction en cendre), mélange (avec de la colle, du cinabre et du musc), martelage, moulage, coupe, décoration, dorure, emballage.
L’Incendie du Yuanmingyuan, il cherchait une carte originale du palais afin de construire une maquette. Or, on a découvert par hasard une série de moules à encre en jadefabriqués pendant la dynastie des Qing, et qui montrent 64 paysages tels que le Palais impérial, le Palais d’hiver, le Palais de la mer du sud, etc. Ces moules sont maintenant conservés à l’usine d’encre Hu Kaiwen.
par Lisa Carducci
(Rédactrice: Caroline)