La région autonome du Tibet a un environnement géographique complexe et une écologie diversifiée, ce qui a créé différents modes de vie tels que le nomadisme, donnant naissance à une culture unique du haut plateau. Du servage à la société socialiste, le développement du Tibet a traversé un millénaire.Tout en conservant leurs activités de production traditionnelles, les agriculteurs et les bergers bénéficient de la grande commodité de l'urbanisation et de la modernisation, et certains se sont également interrogés sur l'impact de la modernisation sur les modes de vie nomades traditionnels. La culture nomade peut-elle représenter pleinement la culture et l'identité du Tibet ? L'urbanisation et les modes d'établissement modernes s'opposent-ils aux modes de vie nomades ? La culture nomade du Tibet va-t-elle dispara?tre ?
Numu, directeur de l'Institut d'art ethnique de la région autonome du Tibet, a récemment donné une interprétation approfondie sur ce sujet.
Journaliste : Certains pensent que dans le contexte où la modernisation et l'urbanisation évoluent à un rythme accéléré, de plus en plus d'éleveurs du Tibet vont abandonner l'élevage nomade. La modernisation et l'urbanisation feront-elles dispara?tre les modes de production et de vie nomades au Tibet ?
Numu : Je ne pense pas. Comme mentionné précédemment, les modes de production et de vie sont étroitement liés aux ressources naturelles, à l'environnement et au climat. Mais l'évolution de la civilisation humaine prouve aussi pleinement que les modes de production et de vie traditionnels sont soumis à la transformation de la productivité. La civilisation occidentale elle aussi possède des gènes culturels nomades, évoluant inévitablement vers un mode de production et de vie plus avancé. Les voix qui matérialisent la population tibétaine doivent être rejetées.
à mon avis, la productivité et les moyens de production traditionnels ne deviendront plus pratiques qu'avec l'aide des méthodes de production modernes. Dans le même temps, l'environnement des hauts plateaux fait qu'il est peu probable que les éleveurs changent radicalement leur mode de production et de vie, à moins de changements majeurs dans la géographie et le climat.
Qu'il s'agisse du mode de vie nomade où l'on vit de l'eau et de l'herbe, du mode de vie agricole où l'on récolte ce que l'on sème, ou de la vie urbaine moderne, ils sont tous des produits de leur époque et leur coexistence leur permettent de s'inspirer des bonnes idées de développement des autres.
Je connais un berger du comté de Biru qui s'appelle Tsundre. Il y a plus de dix ans, ses frères et s?urs ont vendu tous les bovins et moutons de la famille pour ouvrir un magasin dans le canton et pour creuser les champignons-chenilles en été. Certains d'entre eux se sont ensuite lancés dans les affaires et d'autres ont étudié. Il y a deux ans, plusieurs de ses frères et s?urs ont décidé de revenir au pastoralisme, en rachetant 200 yaks femelles. Ils tirent maintenant des revenus de l'élevage scientifique et de la vente de produits laitiers biologiques, qui sont très populaires, notamment auprès des citadins.
En revenant de la ville au paturage, la vision change : on apporte avec soi une expérience de gestion avancée et des méthodes d'élevage plus scientifiques, ce qui pallie aux insuffisances du mode traditionnel.
La préfecture autonome tibétaine d'Aba du Sichuan explore l'élevage standardisé des yaks.
Profil d'expert :
Numu, directeur de l'Institut d'art ethnique de la région autonome du Tibet.
Numu, l'actuel directeur de l'Institut d'art ethnique de la région autonome du Tibet (Centre de création artistique de la région autonome du Tibet), est simultanément directeur du Comité d'experts sur la protection des livres anciens de la région autonome du Tibet, membre du Comité d'experts sur la révision des nouveaux termes et mots tibétains du Comité de conseillers sur la langue tibétaine de la région autonome du Tibet, et membre du Comité d'experts sur le patrimoine culturel immatériel de la région autonome du Tibet.
(Rédactrice : Claire SHENG)