L'avenir de la médecine tibétaine aux yeux d'un docteur tibétain dipl?mé de l'Université Harvard
Il y a 19 ans, Yangga est devenu l'un des premiers étudiants en master dans le domaine de la médecine tibétaine depuis la création de la région autonome du Tibet.
Originaire du comté de Biru, dans la ville de Nagqu, au Tibet, Yangga vivait sur les belles prairies du nord du Tibet en compagnie des yaks et des moutons avant l'age de 12 ans. Son oncle est un moine médecin, bien aimé des villageois locaux à qui il donne des consultations médicales. Sous l'influence de son oncle, Yangga a porté dès son enfance un grand intérêt à la médecine tibétaine.
En 1986, Yangga a été admis comme il le souhaitait par le Département de la médecine tibétaine de l'Université du Tibet. Après avoir terminé ses études de licence, il est devenu enseignant. Mais en 1999, Yangga est retourné à l'école en tant que l'un des premiers étudiants en ma?trise de la médecine tibétaine. En se rappelant de ce parcours d'études, Yangga dit avec émotion : ? Si un enfant né dans des zones pastorales est capable d'entrer dans des facultés pour approfondir ses études, il dépend fortement du soutien et des politiques de l'état en faveur de l'éducation du Tibet. ?
En photo : Yangga fait des échanges académiques sur la médecine tibétaine.
Pendant la période où Yangga était étudiant et puis enseignant, la formation sur la médecine tibétaine a également réalisé des progrès. En 1989, la Faculté de la médecine tibétaine de l'Université du Tibet a été créée, en regroupant l'ancien Département de la médecine tibétaine de l'Université du Tibet et l'école de la médecine tibétaine de la région autonome du Tibet. L'événement marque le point de départ du développement moderne de l'enseignement supérieur de la médecine tibétaine. En 1993, la Faculté de médecine tibétaine de l'Université du Tibet a été rendue indépendante et rebaptisée ? Institut de la médecine tibétaine de Chakpori ?. Parallèlement, l'éducation sur la médecine tibétaine a fait officiellement ses débuts dans l'enseignement supérieur national. Plus tard, l'établissement a successivement changé son nom pour Institut de la médecine tibétaine du Tibet et pour l'actuelle Université de la médecine tibétaine du Tibet.
En 2002, une nouvelle opportunité s'offre à Yangga. Cette année-là, la tibétologue Jenny Gyatso l'a invité pour visiter l'Université Harvard. Lors de son séjour aux états-Unis, Yangga a pris profondément conscience de l'importance d'introduire les théories médicales de l'Occident dans la recherche de la médecine tibétaine. Ainsi, l'idée lui est venue de s'inscrire en doctorat. Il a ensuite réussi aux examens GRE et TOFEL avant d'envoyer une demande à l'Université Harvard. En plus d'une bourse complète accordée par cette dernière, l'Institut de médecine tibétaine du Tibet a également apporté son fort soutien à son enseignant pour ses études et échanges approfondis à l'étranger.
Aussit?t après, Yangga a commencé son nouveau parcours d'études. Il s'avérait pourtant que la vie à Harvard n'était pas facile à cause de la surcharge du programme scolaire, de sa faiblesse en langue et de son occupation par le travail à temps partiel. Au bout de huit ans d'études assidues, Yangga a obtenu ses dipl?mes du doctorat en sciences humaines et en anthropologie médicale. Revenant sur cette période de vie, Yangga estime que les méthodes de recherche et la vision internationale données par Harvard lui permet de regarder la médecine tibétaine d'une fa?on plus rationnelle et plus réaliste. ? Mes yeux voient plus clair. ?
? La médecine tibétaine est riche et profonde, assimilant l'essence des diverses médecines. Elle a aussi grand besoin d'innovation théorique. Une simple transmission de la tradition laissera la médecine tibétaine en arrière par rapport à son temps et la conduira jusqu'à l'oubli. ? D'après Yangga, la médecine tibétaine doit se développer en empruntant des théories médicales modernes, mais sans perdre ses propres avantages.
? Les thérapies de la médecine tibétaine dans de nombreux domaines sont déjà en grande maturité. Mais leurs effets ne peuvent pas seulement dépendre des expériences pour être répandus. Le plus important, c'est de présenter des preuves scientifiques. Les données de laboratoire, les analyses cliniques et les ouvrages contribueront à renforcer la confiance des gens en médecine tibétaine. ? Yangga ajoute qu'il faut éliminer l'aspect mystérieux de la médecine tibétaine dans la publicité.
Heureusement, la médecine tibétaine ancienne n'a pas cessé de se renouveler. Petit à petit, elle se fait reconna?tre davantage par plus de gens, même hors du plateau.
En photo : Yangga fait une enquête chez les bergers.
? Quand j'étais à l'étranger, afin de présenter la médecine tibétaine aux autres, il faut d'abord mentionner l'Himalaya, et puis leur expliquer un par un ce que sont la région autonome du Tibet, les Tibétains et la médecine tibétaine. ? Yangga déclare que ces dernières années, grace à la multiplication des échanges internationaux et à l'attention prêtée par le gouvernement chinois en particulier, les chefs-d'?uvre de la médecine tibétaine, les ? Quatre classiques médicaux ?, ont été inscrits au registre ? Mémoire du monde ? pour l'Asie-Pacifique et les Bains médicinaux Lum, connaissances et pratiques du peuple tibétain en Chine concernant la vie, la santé et la prévention et le traitement des maladies dans la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Tous ces efforts ont amélioré la reconnaissance et la réputation de la médecine tibétaine dans la communauté internationale, jetant une base pour la mondialisation plus profonde de la médecine tibétaine.
? L'appui solide de l'état envers la médecine traditionnelle a considérablement rassuré les personnes engagées dans la médecine tibétaine. ? Yangga précise que ces dernières années, l'état a multiplié ses politiques et ses investissements favorables, de sorte que la médecine tibétaine a obtenu des avancées encourageantes sur les plans de recherche scientifique, de formation des talents, de la construction institutionnelle et la croissance industrielle. Elle manifeste déjà une bonne tendance de développement et des perspectives prometteuses.
à l'heure actuelle, Yangga se concentre principalement sur la mise en ordre de ses travaux et la formation des talents. Il envisage de publier les résultats de ses recherches en trois langues, à savoir le tibétain, le chinois et l'anglais, dans le but de faire conna?tre la médecine tibétaine aux lecteurs de différents contextes culturels. Dans le même temps, il espère pouvoir cultiver des professionnels autant que possible avant sa retraite. Le premier lot d'étudiants en troisième cycle de l'Université de la médecine tibétaine du Tibet dirigés par Yangga termineront leurs études l'année prochaine. ? La marche vers le monde de la médecine tibétaine demande plus de talents ayant des horizons internationaux. J'espère qu'ils s'incarneront comme le propulseur de la modernisation de la médecine tibétaine, la fenêtre et le pont facilitant les échanges et le dialogue entre la médecine tibétaine et le monde entier. ?
(Rédactrice : Claire SHENG)
