Tashi, 48 ans, est un Lhopa vivant dans le comté de Mêdog, près de la ville de Nyingchi, dans la région autonome du Tibet. Vers l'automne 2006, il a chassé un ours noir de taille moyenne qui était venu voler du ma?s sur ses terres agricoles à l'aide d'un piège posé, ce qui est devenu sa dernière sortie de chasse. Après cela, Tashi a posé son arc et ses flèches et rangé son équipement de chasse, pour se reconvertir en fermier.
En photo : Tashi dans le musée des chasseurs créé par lui-même.
Mêdog signifie en langue tibétaine la ? terre mystérieuse du lotus ?. Le comté se situe en aval de la rivière Yarlung Zangbo et au pied sud de l'extrémité est de l'Himalaya. Jusqu'en 2013, la région était connue comme "l'?le isolée du plateau" en raison de l'absence de routes.
Le village de Dagmo, dans le canton du peuple Lhopa de Dagmo, où vit Tashi, se trouve sur un plateau dans les montagnes, entouré de forêt vierge et de bananiers sauvages. On peut entendre le coucou gazouiller dans le village. La route qui mène de Dagmo au monde extérieur est construite sur une pente raide et a l'air palpitante.
? Je suivais souvent mon père pour aller chasser dans la forêt quand j'étais enfant, en plus d'utiliser des arcs et des flèches et des fusils à poudre, il me faut ma?triser une variété de boucles de verrouillage, de dispositifs, etc. ? Dans une récente interview avec des journalistes, Tashi a déclaré qu'on trouvait de tout dans les forêts de Mêdog - cerfs, sangliers, taquins, ours noirs, musc, bisons ...... Vivant dans la pauvreté, la famille de Tashi n'avait pas souffert de faim, et ce grace à l'abondance des produits locaux. ? Je me souviens que nous chassions deux fois par semaine. ? Tashi a dit que la chasse comportait certains risques et que les chasseurs locaux se dépla?aient le plus souvent par paires ; il a commencé à chasser de manière indépendante à l'age de 27 ans, après s'être marié.
Tashi peut être considéré comme le dernier chasseur professionnel du Tibet. Selon le Bureau des forêts et des prairies du comté de Mêdog, Mêdog bénéficie de conditions climatiques avantageuses, formant un climat tridimensionnel unique où coexistent des zones tropicales, subtropicales, tempérées et froides. La région est extrêmement riche en ressources fauniques et floristiques.
En photo : vue aérienne du village de Dagmo, canton de l'ethnie Lhopa de Dagmo, où habite Tashi.
Dans le passé, la chasse était pratiquée par les groupes ethniques Lhopa et Monpa dans le comté de Mêdog. D'après les souvenirs de Tashi, dans les années 1990, la sensibilisation locale à la protection des animaux s'est accrue et le gouvernement a commencé à collecter les armes de chasse. Afin de protéger l'écologie et la biodiversité locales, le comté de Mêdog a émis en 2010 une interdiction totale de la chasse. Ainsi, Tashi a officiellement dit adieu à son statut de chasseur.
Aujourd'hui, la famille de Tashi dispose de 26 mu de terres, où elle cultive du ma?s, du riz et de l'éleusine du Tibet, une culture de brassage locale. Depuis 2014, avec les encouragements de la direction du village, il a commencé à gérer une ferme touristique, un restaurant et un magasin. Dans la boutique de Tashi, on voit des codes QR affichés pour les paiements électroniques.
Bien qu'il n'ait jamais été scolarisé, grace à la campagne des années 1990 visant à éradiquer l'analphabétisme, Tashi a appris de simples additions et soustractions et a ma?trisé les langues tibétaine et chinoise. Trois de ses quatre enfants ont re?u un enseignement supérieur moderne. ? J'adore les voitures, nous avons maintenant une camionnette, mais je prévois de racheter un SUV dans les deux prochaines années. ?
En photo : le magasin à droite, l'auberge au milieu et le musée des chasseurs de Tashi à gauche.
En l'espace de 20 ans, la vie et la civilisation de Tashi sont passées en accéléré d'une vie primitive de chasseur et de semi-agriculteur pendant son enfance à la vie rurale moderne d'aujourd'hui.
Il est intéressant de noter qu'il y a une maison séparée derrière le magasin de Tashi. Il s'agit de son musée de la chasse autogéré. Le musée est officiellement agréé par les autorités locales et il y expose une collection de produits en fourrure provenant d'animaux chassés par la population locale avant l'interdiction de la chasse et des outils de chasse.
Tashi a dit que maintenant les gens de Mêdog ont pris conscience de l'initiative pour protéger les animaux sauvages. Créer un musée personnel sert de souvenir, mais aussi de présentation aux touristes qui viennent à Mêdog visiter la vie primitive d'autrefois du peuple Lhopa.
(Rédactrice : Claire SHENG)