Au numéro 52 de la rue Jiangsu à Lhassa vivent neuf personnes aveugles. Six d’entre elles font partie du premier orchestre constitué de personnes aveugles au Tibet. Notre journaliste s’est donc rendu dans cette cour appelée la "bo?te à musique" par les habitants aux alentours.
Tashi Phuntsok, membre de l’orchestre, s'exerce à la fl?te.
En Chine, plus de la moitié des personnes aveugles exercent des métiers lié au massage. En 2008, Dachung, étudiant à l'école des aveugles de Lhassa à l'époque, souhaitait trouver un métier autre que masseur. "J'adore jouer de la fl?te, j’apprécie ces moments où mes doigts glissent sur celle-ci, j'aime le son qui en sort", déclare Dachung qui voudrait devenir musicien.
Au printemps 2014, il a fait la connaissance de Chimed Dorje, professeur de musique à la retraite. Chimed Dorje joue du tympanon, de la fl?te, de l'Erhu, de la guitare chinoise, ainsi que d'autres instruments de musique traditionnels chinois. Le 3 juillet dernier, il a déclaré à notre journaliste que c'est la première fois qu'il enseigne la musique à des aveugles.
"Parmi ceux qui ont adhéré à l’orchestre en premier, Dachung est celui qui a le plus d’expérience à la fl?te, je lui apprend donc à mieux gérer sa respiration. Jimba n'est pas complètement aveugle, c’est pourquoi je le laisse au tympanon", ajoute Chimed Dorje. Tsering Chodron voulait jouer du violon mais cela n’allait pas au niveau de son poignet, c’est pourquoi il a commencé à jouer de l'Erhu. Jigme Dorje et Tsering Yangzom jouent respectivement de la guitare chinois et du Jinghu.
Chimed Dorje (à gauche) apporte une aide aux musiciens quand ils donnent une performance.
En 2014, Chimed Dorje a dépensé plus de 10 000 yuans (environ 1 300 euros) dans l’achat d’instruments pour l’orchestre. En juillet de cette année, le groupe a donné sa première performance. En 2015, Dachung a nommé l’orchestre "Kada Kabu", qui signifie en tibétain "un Hada tout blanc".
"Durant la performance, nous ne pouvons pas voir les expressions des spectateurs, mais nous pouvons entendre leurs applaudissements, ce qui nous fait nous sentir comme des célébrités", a dit Jimed Dorje.
A l'heure actuelle, les six membres prennent le bus chaque soir afin de donner des performances dans un restaurant tibétain de la rue Barkhor, à environ deux kilomètres de chez eux.
Leur musique, qu’elle soit mélodieuse, gaie ou effrénée, provoque des applaudissements et des acclamations de la part des spectateurs.
D'après Dachung, responsable du groupe, leurs revenus sont plus élevés que ceux des masseurs aveugles. Mais pour eux, le plus important est d'être heureux grace à la musique.
(Rédactrice: Caroline)