Les institutions financières étrangères de paiement via une tierce partie ont fait un pas de plus vers l'accès au marché chinois. En effet, la banque centrale chinoise vient de rendre publique sur son site internet les conditions d'application de la première licence de paiement via une tierce partie sur internet et sur téléphone mobile pour les entreprises étrangères.
Le
Global Times a repéré vendredi la parution sur le site internet de la Banque populaire de Chine (PBOC), qui joue le r?le de banque centrale en Chine, d'une demande de licence de paiement via une tierce partie de la part de Yuefan Business Consulting, une entreprise basée à Shanghai détenue par la société de paiement internationale britannique World First Asia.
L'entreprise, dont le capital social s'élève à 14,64 millions de dollars, deviendrait alors la première institution financière à capitaux étrangers à grande échelle à pouvoir assurer le paiement via une tierce partie en Chine si la licence lui est accordée.
L'octroi d'une telle licence représenterait par ailleurs une étape importance dans l'ouverture du secteur financier chinois, comme le fait remarquer un spécialiste travaillant dans la finance.
En mars, la PBOC a annoncé qu'elle lancerait l'ouverture du marché chinois du paiement via une tierce partie, un marché estimé à 27 000 milliards de dollars, aux entreprises étrangères et que ces dernières pourraient conduire leurs activités en étant soumises aux mêmes règles et aux mêmes conditions de supervision que leurs concurrents chinois.
World First Asia a été la première société étrangère à formuler, au mois de mai, une demande de licence pour le paiement via une tierce partie.
Dong Dengxin, directeur du Finance and Securities Institute de l'université des sciences et technologies de Wuhan, affirme que les acteurs étrangers vont probablement être confrontés à certains obstacles pour le lancement de leurs services de paiement via une tierce partie, notamment en raison de leur arrivée tardive.
? Les régulateurs chinois ont délivré à ce jour environ 270 licences de ce type aux institutions financières chinoises, et malgré cela, 80 à 90% des parts de marché sont dans les mains des deux principales plateformes de paiement : Alipay [service d'Alibaba] et Tenpay [service de Tencent] ?, explique Dong.
Les institutions financières étrangères devront donc faire face à une concurrence féroce de la part des entreprises chinoises pour s'emparer des 10 à 20% de parts de marché restantes.
Néanmoins, selon Dong, un problème encore plus urgent pour les nouveaux arrivants tel que Yuefan sera de construire un écosystème à l'intérieur même de son offre de services, exactement comme Alipay et Tenpay ont pu le faire, afin d'attirer et de fidéliser une clientèle.
Le directeur de l'institut fait également remarquer que, compte tenu du niveau relativement haut d'internationalisation des normes sur lesquelles s'appuient les institutions de paiement étrangères, les opportunités que présente le marché chinois résident également dans l'institution d'un service de paiement transfrontalier ainsi que dans la création de services destinés aux entreprises plut?t qu'aux particuliers.
En effet, selon un rapport de l'entreprise de conseil Accenture, les transactions transfrontalières en B2B en Chine devraient atteindre 1240 milliards de dollars d'ici 2020.