Le taux de change effectif réel (TCER) de la Chine en 2018 est estimé au niveau exigé par les fondamentaux économiques et les politiques souhaitables, a réaffirmé vendredi le Fonds monétaire international (FMI) dans un nouveau rapport.
Le TCER moyen en 2018 s'est apprécié d'environ 1,4% par rapport au niveau de 2017, notamment en raison de l'appréciation du taux de change effectif nominal (TCEN, 1,5%), a indiqué le FMI dans son rapport après avoir terminé la consultation annuelle au titre de l'Article IV visant à passer au crible l'économie chinoise.
Selon le rapport, l'excédent des comptes courants de la Chine en 2018 a vu sa proportion sur le produit intérieur brut (PIB) diminuer de 1% pour atteindre 0,4%. Ce chiffre devrait rester contenu à 0,5% du PIB en 2019.
"Le FMI estime que la position externe de la Chine en 2018 était globalement conforme au niveau exigé par les fondamentaux économiques à moyen terme et les politiques souhaitables", une affirmation cohérente avec la conclusion donnée par l'institution financière dans son rapport annuel sur le secteur extérieur publié en juillet dernier.
"Le rapport du FMI a clairement montré qu'il n'y avait absolument pas de manipulation de devise de la part de la Chine, et que sa balance extérieure est demeurée appropriée", a confié à Xinhua dans un courriel Jeffrey Sachs, conseiller de l'ONU et économiste de renom de Columbia University.
En ce qui concerne les prévisions du FMI qui montrent que le TCER a chuté de 0,2% par rapport au niveau moyen en 2018, M. Sachs a dit que la pratique unilatérale d'imposer des droits de douane supplémentaires par Washington "a certainement causé des dépréciations" de l'équilibre du TCER.
"La désignation de la Chine comme pays manipulateur de devise par le département américain du Trésor était manifestement une pratique arbitraire, capricieuse et à but politique, davantage basée sur les tweets de M. Trump plut?t que sur une analyse objective", a-t-il conclu.
Mark Sobel, conseiller au Centre d'études stratégiques et internationales à Washington et président américain du Forum des institutions monétaires et financières, a indiqué à Xinhua que le rapport au titre de l'Article IV a également noté que l'excédent chinois des comptes courants est "limité", représentant environ une moitié de 1% du PIB, et "les estimations montrent que la Chine n'est pas intervenue sur le marché des devises".
"Ainsi, le rapport (au titre de l')Article IV a clairement réfuté la récente allégation américaine selon laquelle la Chine manipulerait sa monnaie pour obtenir des avantages commerciaux concurrentiels injustes ou empêcher l'ajustement effectif de la balance des paiements", a fait remarquer M. Sobel, qui est également ancien représentant des Etats-Unis au FMI responsable des politiques financières auprès du Trésor américain.
Gary Hufbauer, analyse du Peterson Institute for International Economics, a indiqué à Xinhua "qu'il n'y a aucune chance" que le FMI révise son évaluation (sur la manipulation de devises), à moins que les Etats-Unis ne menacent de retirer leur soutien au candidat de l'Union européenne au poste de directeur général, avec pour objectif que le FMI consente à "réévaluer" ses critères d'estimation des taux de change.
Le conseil d'administration du FMI a lancé le processus de sélection pour le prochain directeur général, dans l'optique de parvenir à une décision début octobre, après la démission de Christine Lagarde en juillet dernier. Depuis plus de sept décennies, le poste de directeur du FMI est toujours revenu à un Européen, et celui de la Banque mondiale à un Américain.
Dans ce nouveau rapport, les directeurs exécutifs du FMI ont par ailleurs fait l'éloge des récents progrès en matière de réforme réalisés par la Chine, surtout dans la réduction des fragilités du secteur financier et le maintien de l'ouverture économique, tout en mettant en avant l'importance des réformes fiscales structurelles qui pourraient favoriser la croissance à moyen terme.
Saluant l'engagement de Beijing envers le multilatéralisme et un système commercial basé sur des règles, les directeurs exécutifs ont estimé que les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis devraient être rapidement résolues à travers un accord global qui éviterait de nuire au système international.
En outre, ils ont observé qu'une plus grande souplesse des taux de change et un meilleur fonctionnement du marché des devises permettraient au système financier de mieux se préparer à une plus grande volatilité des flux de capitaux.
(Rédactrice : Claire SHENG)