Du 4 au 6 novembre prochain, le président Emmanuel Macron sera en visite en Chine. Au-delà du fait que ce déplacement intervient à l'occasion du 55e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine nouvelle, ce qu'il faut retenir est que ce sera la deuxième -deuxième et pas seconde, car gageons que ce ne sera pas la dernière- visite du président fran?ais après celle de 2018. Déjà, à l'époque, cette visite était symbolique de l'importance que la France attache et a toujours attaché à ses liens avec la Chine : c'était alors le premier déplacement d'Emmanuel Macron à l'étranger en 2018, et son premier en Asie. Il avait même promis de revenir à Beijing chaque année, tant il juge, et non sans raisons, que la Chine est un partenaire de poids et peut même être un allié de choix sur certains dossiers internationaux sensibles comme par exemple le changement climatique.
Cette année, il y aura -le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi l'a annoncé- un certains nombre de contrats qui seront signés, tout comme en 2018. Il faut bien s?r s'en réjouir, mais ne pas s'en contenter. Et on peut raisonnablement faire confiance au chef de l'état fran?ais pour aller plus loin, on sait tout l'intérêt qu'il porte au projet chinois des ? Nouvelles Routes de la Soie ?. Qui pourrait d'ailleurs l'en blamer, tant l'importance de ce projet est évidente, tout comme il est évident que ceux qui s'en tiendront à l'écart risquent fort de se retrouver isolés et de le regretter t?t ou tard. On a tout à fait le droit d'être ou de ne pas être d'accord avec cette gigantesque initiative, mais il semble difficile, si ce n'est déraisonnable, de contester le r?le qu'elle est amenée à avoir dans l'avenir. C'est dire si la France ne saurait l'ignorer.
La France pourrait même, je pense, avoir un r?le majeur à jouer, non seulement en tant que partenaire, mais aussi en tant que pont entre la Chine et l'Europe dans le cadre de ce projet. Certes, la France n'est pas le premier partenaire économique européen de la Chine, quoique ses résultats soient honorables, mais il n'en reste pas moins qu'elle possède des atouts uniques, que bien des pays pourraient lui envier, pour devenir un partenaire privilégié de la Chine : d'abord, la France est géographiquement le carrefour de l'Europe, entre le nord et le sud, entre l'ouest et l'est du continent. Elle est ensuite le seul pays européen à être riverain de trois mers et à avoir en même temps un domaine maritime gigantesque, le deuxième du monde après celui des états-Unis. Elle est aussi le pays qui compte la plus grande diaspora chinoise d'Europe -plus d'un million de personnes, ce n'est pas rien- elle fut enfin la première grande puissance occidentale à reconna?tre la Chine nouvelle, et je sais que les Chinois ne l'ont pas oublié.
En Chine aussi, la France jouit d'une popularité certaine et d'une aura évidente, notamment du fait de sa culture, de son histoire et de son patrimoine culturel unique que les Chinois découvrent chaque année plus nombreux. Le fran?ais, même s'il est loin derrière l'anglais, et c'est bien compréhensible, est une des langues occidentales les plus apprises en Chine. Les liens d'amitié -je serais même tenté de dire d'affection- entre les deux pays, dont la mentalité des habitants n'est pas si éloignée qu'on voudrait bien le croire malgré la distance et la barrière de la langue, sont forts et anciens, tout comme l'est l'admiration réciproque : nul n'ignore, par exemple, la haute estime qu'avaient déjà pour la Chine les intellectuels fran?ais du Siècle des Lumières, et, inversement, chacun se souvient que lors de l'Exposition universelle de Shanghai en 2010, le pavillon fran?ais fut celui qui attira le plus de visiteurs. On pourrait multiplier les exemples à l'envi, qui témoigneraient de la relation toute particulière, à nulle autre pareille même, qui existe entre la Chine et la France.
Les relations diplomatiques entre la France et la Chine nouvelle ont 55 ans. Dans la vie d'un homme, 55 ans, c'est l'age de la pleine maturité, celui où il sait où il va parce qu'il sait d'où il vient, celui où il sait clairement ce qu'il veut et ce qu'il ne veut pas, celui où il a sans doute cessé d'être jeune mais où il est encore loin d'être vieux. Bref, le bel age. Les relations franco-chinoises sont ainsi, et on pourrait aussi les comparer à celles d'un vieux couple qui a connu des moments de joie, des moments de chamaillerie aussi, mais qui a su les affronter et les passer pour en ressortir encore plus uni dans une sorte de plénitude. Et quand on est unis et sereins, on peut faire de grandes choses. être unis et se comprendre comme le font la Chine et la France est un atout unique, et les deux pays seraient bien avisés d'en profiter, pour ensuite en faire profiter eux-mêmes et en faire profiter le monde. Le couple franco-chinois peut apporter beaucoup, espérons que la prochaine visite d'Emmanuel Macron en Chine sera l'occasion, au-delà de l'aspect purement commercial, de franchir un nouveau pas en ce sens.
(Rédactrice : Lucie ZHOU)