Je m'appelle Angqing et je suis un natif de Nagqu. Pendant les jours sombres de l'ancien Xizang, mes parents étaient des serfs et, quand j'étais jeune, j'ai moi-même travaillé en tant que domestique pour un seigneur féodal.
Si je devais évoquer le jour le plus fier et mémorable de ma vie, ce serait celui de 1963, où j'ai re?u mon tout premier salaire en tant qu'ouvrier routier.
Ce jour-là, alors que nous travaillions à notre poste d'entretien routier, une voiture de marque Jiefang est arrivée soudainement. Quelqu'un a crié : ? Venez tous nous aider à décharger ! ? Nous nous sommes donc rassemblés et avons déchargé les marchandises, les empilant au milieu de la cour, puis la voiture est repartie. Le chef d'équipe et le responsable de la zone ouvrière se tenaient près de cette pile de marchandises, appelant chacun d'entre nous par notre nom. ? Angqing, viens ici un instant, ceci est pour toi. ? Je me suis approché et le responsable, M. Ma, m'a remis un tas de choses, comprenant de l'orge, du beurre et d'autres articles, ainsi que mon salaire. J'étais stupéfait à ce moment-là, car je n'aurais jamais pensé qu'une telle chose puisse m'arriver.
? Angqing, après le travail aujourd'hui, apporte ces articles chez ta maman ?, a dit M. Ma. J'habitais à environ à cinq ou six kilomètres de mon lieu de travail. à la fin de la journée, j'étais impatient de rentrer chez moi et j'ai déposé toutes les choses devant ma mère. ? Maman, c'est un camarade de Hangzhou (M. Ma est originaire de Hangzhou) qui a donné cela, c'est de l'armée de libération. ? Ma maman éclata en sanglots, incrédule, et continuait de demander : ? Tu dis que cela vient d'où ? Est-ce que de telles choses existent ? Je n'ai jamais rencontré ?a au cours de mes 50 années de vie. ? Je lui ai expliqué que c'était mon salaire en tant qu'ouvrier routier, 28 yuans par mois, accompagnés de 45 jin d'orge, 2,5 jin de beurre, 1 jin de thé, 1 jin de sucre en poudre et un paquet de cigarettes. Ma maman ne pouvait retenir ses larmes, ? Angqing, tu dois savoir qu'auparavant, même si nous travaillions dur pendant toute une année, nous n'avions pas un sou ! ? ? Maman, c'est vraiment pour nous, mangeons en toute tranquillité ! ? Ses mains tremblaient alors qu'elle frottait les objets devant elle, encore et encore.
Dans l'ancien Xizang, notre situation de vie était similaire à celle de tous les serfs. Comme on dit, ? nous n'avions rien au-dessus pour nous protéger et rien en dessous pour nous soutenir ?. Peu importe la saison, nous n'avions même pas de tente, sans parler d'une maison. Le soir, nous partagions la bergerie avec les moutons pour dormir. En été, je marchais toujours pieds nus, et en hiver, j'utilisais des morceaux de peau de vache pour improviser une sorte de protection.
Pour les seigneurs, nous, les serfs, n'étions rien de plus que des ? animaux parlants ?, qui devaient obéir à leurs moindres exigences. En cas de refus, nous étions impitoyablement fouettés. J'ai entendu ma mère dire qu'à ma naissance, nous devions payer un imp?t de naissance aux propriétaires de serfs. Dès que mon nom était enregistré, nous devions payer un imp?t annuel par personne. Lorsque le père est décédé, c'était à son fils de prendre le relais, puis à son petit-fils, sans qu'il y ait de fin. à cette époque, j'étais chargé de garder les moutons et les vaches pour les seigneurs. Chaque année, en juillet ou en ao?t, les seigneurs envoyaient quelques personnes pour enregistrer tous les nouveaux-nés parmi les bovins, les moutons et les chevaux. Elles vérifiaient également si tous ceux qui étaient nés l'année précédente étaient toujours en vie. Si les chiffres ne concordaient pas, elles examinaient les cornes pour déterminer si les animaux étaient morts naturellement ou s'ils avaient été abattus. Elles décidaient ensuite des compensations à verser, selon leur propre jugement. Certains serfs qui ne pouvaient pas fournir suffisamment de viande, de beurre ou de résidus de lait aux seigneurs pendant deux ou trois années consécutives étaient emfermés par ces derniers. Lorsqu'ils étaient libérés, certains avaient perdu une main, d'autres se retrouvaient avec une jambe cassée.
Le 23 mai 1951, la signature de l'accord intitulé ? Accord sur les mesures pour la libération pacifique du Xizang entre le gouvernement central de la République populaire de Chine et le gouvernement local du Xizang ? (Accord en 17 points) a marqué la libération pacifique du Xizang. Rétrospectivement, je me rends compte que depuis ce jour-là, ma vie n'était plus plongée dans une obscurité sans fin et le bonheur est arrivé.
(Rédactrice : Lucie ZHOU)