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Le géant technologique Huawei étant confronté à une montée du protectionnisme dans les pays occidentaux, des spécialistes et des universitaires européens estiment que le groupe chinois devrait approfondir ses liens avec ses principaux partenaires étrangers pour traverser cette période difficile.

La pression exercée sur Huawei, venue d’abord des états-Unis, s’est accrue au cours des derniers mois et s’est étendue à l’Europe. L’Université d’Oxford a suspendu tout financement provenant de Huawei et le gouvernement allemand aurait apparemment envisagé la semaine dernière d’interdire au groupe de participer à ses réseaux mobiles 5G.

De nombreux partenaires continuent de soutenir fermement la société, en réaffirmant publiquement leur confiance et leur collaboration.

Peu après l’annonce de la décision d’Oxford, d’autres universités britanniques ont indiqué qu'elles continueraient de travailler avec Huawei en l’absence de preuve solide étayant les accusations dont le groupe fait l’objet. Les universités de Surrey, de Manchester, d’York, de Cardiff, d’édimbourg, de Southampton et l’Imperial College ont notamment décidé de poursuivre leur collaboration.

Le groupe de télécommunications BT a souligné à plusieurs reprises que Huawei est pour lui ? un partenaire d’innovation précieux ?. La grande association industrielle allemande BDI a déclaré qu'aucun fournisseur ne devrait être exclu des réseaux de téléphonie mobile 5G en Allemagne en l’absence de preuve.

Peter Williamson, professeur honoraire de gestion internationale à la Cambridge Judge Business School, a déclaré que les relations solides qu’entretient Huawei avec ses partenaires européens depuis une décennie portaient aujourd’hui leurs fruits.

? Les grands clients de Huawei en Europe disent qu'ils attachent une grande importance à la qualité de la technologie et du service à la clientèle fournis par le groupe, et qu'ils sont donc décidés à résister à toute pression politique visant à exclure Huawei ?, a-t-il expliqué.

Les relations nouées avec les entreprises, les clients et les autorités locales des pays occidentaux deviendront de plus en plus importantes pour Huawei et les autres entreprises chinoises en cas de dégradation de l’opinion politique, a jugé M. Williamson.

Le groupe de télécommunications Huawei, fondé en 1987 à Shenzhen, a connu une formidable croissance avec un chiffre d'affaires devant dépasser 100 milliards de dollars en 2018. Sur le marché des smartphones, Huawei est devenu le deuxième acteur mondial en parts de marché, devant Apple. La société investit également fortement dans la technologie 5G.

Cependant, son essor international s’est accompagné de défis, tout d'abord aux états-Unis en 2012, lorsqu'une enquête du Congrès a soulevé des préoccupations en matière de sécurité nationale. Les tensions se sont intensifiées l'an dernier lorsque le Canada a arrêté Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei, qui est également la fille du fondateur du groupe, Ren Zhengfei.

Plus récemment, des politiciens britanniques ont exprimé des inquiétudes au sujet des équipements installés par Huawei, et le journal économique allemand Handelsblatt a annoncé que le gouvernement allemand envisageait d'exclure le groupe de son réseau 5G.

Certains experts estiment que ces événements constituent des signes de protectionnisme.

? Ces difficultés sont purement politiques. Certains pays comme les états-Unis estiment que la Chine ne devrait pas être en mesure de gérer de nouvelles technologies telles que la téléphonie mobile 5G. Je crains qu’il ne s’agisse pas d’un incident isolé, mais bien une illustration de l’inquiétude ressentie par certains décideurs politiques dans les pays occidentaux au sujet de l’essor de la Chine ?, a déclaré M. Williamson.

Jeffrey D. Sachs, professeur de développement durable à l’Université Columbia, partage ce point de vue. Dans un article publié récemment sur Project Syndicate, il a déclaré que ? les états-Unis ciblent Huawei en particulier en raison du succès du groupe dans la commercialisation des technologies 5G de pointe à l'échelle mondiale. ?

Il a souligné qu'il était important de noter que le gouvernement américain n'avait encore fourni aucune preuve de ses accusations concernant les risques de sécurité posés par Huawei, et que la manière dont les états-Unis agissaient de manière discriminante équivalait à ? une guerre économique contre la Chine ?.

? Huawei est l'une des sociétés technologiques les plus importantes de Chine, c’est donc une cible de choix pour l'administration Trump qui cherche à ralentir ou à arrêter la progression de ce pays dans plusieurs secteurs de haute technologie ?, a noté M. Sachs.

Jusqu'à la suspension décidée par l'Université d'Oxford la semaine dernière, Huawei avait souligné que ses activités commerciales au Royaume-Uni n’étaient pas affectées par les allégations amplifiées par les médias. Le groupe attend désormais une explication de la part de l'université.

Huawei a affirmé à plusieurs reprises n’avoir jamais enfreint les lois des pays dans lesquels ses activités sont présentes, et n'avoir jamais eu d'incident lié à la cybersécurité. Au Royaume-Uni, le groupe gère un centre d'évaluation de la cybersécurité à Banbury, dans l'Oxfordshire, afin de détecter des problèmes potentiels. Les travaux du centre sont supervisés par le Centre national britannique de cybersécurité et, jusqu'à présent, aucun problème n'a été décelé.

BT a réaffirmé en janvier son intention de maintenir ses partenariats avec Huawei sur ses réseaux 5G.

En novembre 2018, l'architecte en chef de BT, Neil McRae, a fait l'éloge de la qualité des équipements de Huawei lors d'un forum organisé à Londres. ? Il n’y a actuellement qu’un seul véritable fournisseur 5G, à savoir Huawei. Les autres sociétés doivent rattraper leur retard ?, a-t-il déclaré.

L’Université du Surrey, dont le centre d’innovation 5G bénéficie d’investissements de Huawei depuis 2014, a qualifié le groupe de ? partenaire clé ? avec lequel elle collabore au développement des capacités 5G.

? Nous continuerons de travailler avec tous nos partenaires de recherche, y compris Huawei, à moins qu'il y ait des raisons claires et convaincantes de ne pas le faire ?, a fait savoir l’établissement.

Mark Adams, président du cabinet britannique de conseil en technologie Honey Partnership, estime que les équipements Huawei ne devraient pas poser de problème de sécurité au Royaume-Uni.

? Nous devrions faire des affaires avec de grandes entreprises professionnelles comme Huawei, qui a donné satisfaction jusqu’ici et qui a la réputation de fournir du matériel réseau de haute qualité, et qui est d’ailleurs susceptible d’avoir une plus grande expertise en matière de sécurité ?, a souligné M. Adams.

(Rédactrice : Lucie)