Une experte avance que des préjugés idéologiques sont ? une cause profonde ? de l'hésitation de l'UE à l'égard du vaccin chinois, alors que ce dernier n'a pourtant toujours pas été validé par l'OMS
Alors que de nombreux pays d'Europe centrale et occidentale (PECO), qui ont toute confiance dans les vaccins contre le COVID-19 produits en Occident, continuent de lutter pour obtenir des doses, ils ont exhorté à ? faire confiance aux vaccins chinois ?. Alors que la Turquie, la Hongrie, la Bosnie et la Serbie gardent leurs options ouvertes quant aux vaccins chinois et russes, davantage de pays de l'Union européenne (UE) tels que l'Autriche et la Tchéquie ont également exprimé leur confiance dans les vaccins chinois, tant que ces derniers obtiennent l'approbation de l'UE.
Des observateurs ont avancé l'hypothèse que la pénurie de doses a finalement incité davantage de pays occidentaux à abandonner ce que ces observateurs qualifient de ? préjugés ? et de ? méfiance idéologique ? concernant les vaccins non-occidentaux. Les experts de nombreux pays considèrent le vaccin chinois comme une alternative prometteuse pour de nombreux pays de l'UE, car les vaccins inactivés – comme ceux fabriqués en Chine – peuvent apporter des avantages complémentaires à la technologie des vaccins à ARNm.
Le régulateur chinois des médicaments a accordé samedi son approbation conditionnelle à l'utilisation massive du CoronaVac, le vaccin de Sinovac, soit le deuxième vaccin chinois après celui de Sinopharm. Cette décision a été prise pour encourager l'approbation d'utilisation d'urgence ou l'enregistrement du CoronaVac sur le marché international. Les deux vaccins se trouvent à un stade très avancé dans le processus d'évaluation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour entrer sur la liste des utilisations d'urgence, a fait savoir vendredi un responsable de l'OMS.
Une source proche de Sinopharm a déclaré dimanche au Global Times qu'il n'y avait pour l'instant aucune rumeur sur une quelconque négociation de commande de l'UE avec Sinopharm, ajoutant que la société chinoise était ouverte à tous les acheteurs potentiels.
à la demande de l'armée pakistanaise, le premier lot de vaccins contre le COVID-19 donné par l'Armée populaire de libération (APL) a été livré dimanche au Pakistan. L'armée pakistanaise est la première armée étrangère à recevoir une aide militaire chinoise.
L'APL a également remis dimanche un lot de vaccins contre le COVID-19 à l'armée cambodgienne.
Renforcer l'espoir dans l'UE
Alors qu'au moins 28 pays à travers le monde ont conclu un accord d'achat avec la Chine concernant les vaccins contre le COVID-19, certains dirigeants européens ont récemment exprimé leur volonté d'envisager d'utiliser des vaccins chinois, malgré ? l'opposition idéologique et les divergences politiques ? existantes avec la Chine.
La Tchéquie pourrait envisager d'utiliser des vaccins pas encore validés par les organes de régulation de l'Union européenne afin d'accélérer sa campagne de vaccination, a déclaré vendredi le Premier ministre tchèque Andrej Babis lors d'un voyage en Hongrie, pays qui a accordé une approbation d'urgence aux vaccins russes et chinois, a rapporté Reuters.
La chancelière allemande Angela Merkel, citant la Serbie qui a utilisé des vaccins chinois pour accélérer les vaccinations, a indiqué mardi que chaque vaccin contre le COVID-19 était le bienvenu dans l'Union européenne, car le bloc est confronté à des difficultés de livraison de vaccins.
Bjorn Nashan, professeur de chirurgie et directeur de la Clinique de chirurgie et de transplantation hépato-pancréatico-biliaire en Allemagne, a avancé qu'il n'y avait aucune raison scientifique valable de ne pas utiliser les vaccins chinois en Europe, déclarant que de précédents articles sur un possible rejet du vaccin chinois n'étaient que du battage médiatique. ? Le point de vue européen a toujours été : montrez-nous les données et après nous pourrons agir ?. Il a ajouté que les retards dans la livraison des vaccins d'AstraZeneca avaient certainement fait changer d'attitude certains pays européens.
L'Autriche est prête à produire des vaccins chinois et russes contre le COVID-19 s'ils sont approuvés, a annoncé dimanche le chancelier autrichien Sebastian Kurz dans une interview.
Le chancelier a souligné qu'? il s'agit d'obtenir le plus rapidement possible le vaccin le plus s?r, quel que soit son développeur ?. M. Kurz a ajouté qu'il était prêt à se faire vacciner avec le vaccin russe ou chinois s'ils étaient approuvés dans l'UE.
? En ce qui concerne les vaccins, ce qui compte, c'est l'efficacité, la sécurité et un accès rapide, et non les conflits géopolitiques ?, a souligné M. Kurz, cité par l'agence de presse autrichienne. Il a également critiqué la lenteur de l'Agence européenne des médicaments (EMA) sur l'approbation de nouveaux vaccins.
La chef de l'UE, Ursula von der Leyen, a déclaré mardi que les vaccins contre le COVID-19 de la Russie et de la Chine pourraient être approuvés pour une utilisation dans le bloc si ces pays ? montrent toutes les données ?. Ses remarques sont intervenues après que l'UE a été critiquée pour un rythme de vaccination lent et pour des pénuries d'approvisionnement.
? La procédure le permet, mais les préjugés sont là ?
? Les différences politiques et l'inquiétude face à l'échec des efforts de lutte contre la pandémie dirigés par l'Occident peuvent être la principale raison pour laquelle certains pays occidentaux ont été réticents à envisager des vaccins russes et chinois ?, ont prétendu des observateurs chinois.
Le président fran?ais Emmanuel Macron a déclaré lors d'un entretien avec le groupe de réflexion du Conseil de l'Atlantique que les premiers ? succès diplomatiques ? de la Chine dans la distribution de vaccins à d'autres pays pouvaient être considérés comme ? un peu humiliants pour les dirigeants que nous sommes ?.
Selon la procédure, le gouvernement d'un pays acheteur peut commander directement auprès de l'entreprise chinoise et exiger d'elle qu'elle soumette un rapport de données complet aux autorités pharmaceutiques afin d'évaluer l'éligibilité du vaccin pour une utilisation d'urgence, a indiqué dimanche une source proche du principal producteur chinois de vaccins. Mais cette source n'a confirmé aucune commande potentielle de l'UE.
Feng Duojia, président de l'Association de l'industrie chinoise des vaccins, a déclaré au Global Times que la Chine offrira de l'aide aux pays européens s'ils en font la demande. La clé d'une telle coopération est de savoir si l'UE reconna?tra les vaccins chinois ou non.
Pour que les vaccins soient exportés vers l'Europe, ils doivent d'abord être reconnus par l'OMS puis par les autorités de régulations européennes; des négociations commerciales entre les pays pourront ensuite être menées une fois que l'OMS accordera un ? permis ? pour le vaccin.
Aujourd'hui, de nombreux pays d'Europe occidentale ont un besoin urgent de vaccins car ils font face à une forte pénurie. Les pays européens ont un niveau de référence élevé pour l'importation de vaccins et un processus de contr?le strict. Ainsi, s'ils envisagent une coopération, les pays européens et la Chine devront communiquer davantage sur des domaines tels que la technologie des vaccins et le contr?le de la qualité, ont déclaré des experts en vaccins.
La reconnaissance de l'OMS peut parfois être outrepassée dans des situations d'urgence, à condition que les fabricants de vaccins puissent fournir des données suffisantes pour prouver que le vaccin est efficace.
Cependant, une autre experte basée à Shanghai, Tao Lina, a prétendu que les ? préjugés idéologiques sont une cause profonde de l'hésitation de l'UE sur les vaccins non occidentaux ?, avan?ant que la demande de l'UE de ? données suffisantes ? était selon elle davantage un obstacle mis en place pour les vaccins chinois.
Les données d'efficacité de phase 3 du vaccin de Sinovac pour différents groupes, qui ont été observées dans des essais en double aveugle contr?lés par placebo, ont déjà été officiellement publiées au Brésil et en Chine. Un autre producteur chinois de premier plan, Sinopharm, a également annoncé son taux de protection global dès la confirmation du régulateur pharmaceutique chinois.
? L'UE doit comprendre que ce n'est pas la Chine qui cherche désespérément à exporter des vaccins ?, a poursuivi Mme Tao. ? Beijing souhaite seulement soulager le besoin urgent de vaccins de l'Europe pour stopper la transmission virale, donc la mise en place de barrières “ne se retournera que contre l'Europe elle-même” ?, a-t-elle avancé
Des avantages complémentaires
Des scientifiques chinois ont souligné à plusieurs reprises que les vaccins inactivés chinois et les vaccins à ARNm occidentaux n'étaient pas concurrents, mais complémentaires, en termes de production, de capacité et de population cible.
Alors que certains pays de l'UE ont signalé des décès post-inoculation chez des personnes agées, même si le vaccin n'était pas la cause principale de leur décès, des experts recommandent que les vaccins inactivés traditionnels – tels que celui de Sinovac, dont les données intermédiaires récentes montrent une efficacité s?re et stable pour les personnes agées de plus de 60 ans – seraient une alternative potentiellement fiable s'ils souhaitent d'abord vacciner les personnes agées vulnérables.
L'Indonésie a approuvé le vaccin contre le COVID-19 de Sinovac Biotech pour l'utilisation chez les personnes agées, selon une lettre de l'agence pour l'alimentation et les médicaments, ce qui pourrait potentiellement changer la stratégie du pays qui a donné la priorité à sa population active en premier, a rapporté samedi Reuters.
Les exigences de transport plus faciles des vaccins inactivés en font une solution prometteuse pour certains pays de l'UE avec des installations de la cha?ne du froid tendues ou limitées, selon des observateurs.
Un initié de l'industrie des vaccins a déclaré dimanche au Global Times que le co?t des vaccins inactivés réside principalement dans le besoin de laboratoire de biosécurité de niveau 3 pour la production. Cependant, les pays européens développés avec plus de laboratoires P3 sont en mesure de produire et de traiter les vaccins chinois localement pour contr?ler les co?ts et rendre les doses plus abordables.
(Rédactrice : Lucie ZHOU)