En route vers le comté de Nimu
? Dangxiong est cruel, Nimu est pauvre ?, c'est la première chose que Zhao Jinxiang, le meneur du 8e groupe de cadres pékinois envoyés au Tibet, a entendu sur le plateau début juillet 2016. Nimu est un comté habité par des Tibétains et dominé par l'agriculture. C'est un comté clé pour le projet de réduction de la pauvreté et de développement dans la région autonome du Tibet et à Lhassa. Son altitude moyenne est de plus de 4 000 mètres et le plus haut village de Nimu est situé à 5 500 mètres d'altitude. 1 289 ménages pauvres y vivent et le nombre de personnes pauvres est de 5 450. Les recettes fiscales n'étaient que de 55,6 millions de yuans en 2015 (environ 7 millions d'euros) et sa production économique totale a été classée au bas de l'échelle des comtés de Lhassa… En voyant cette série de données sur le comté de Nimu, Zhao Jinxiang a senti la pression et la responsabilité qui pèsent sur ses épaules.
? Je dois savoir pourquoi la région est aussi pauvre ?, a déclaré Zhao Jinxiang, qui a de nombreuses années d'expérience dans le travail agricole et rural. Il a commencé à mener des enquêtes dans différents villages dès la première semaine de son arrivée dans le comté de Nimu.
Le champ de plantation de pêchers dans le canton de Karu en 2018
En moins d'un mois, Zhao Jinxiang s'est rendu dans l'unique bourg et dans sept cantons du comté de Nimu. ? La population locale compte sur l'agriculture pour être autosuffisante et n'a pas beaucoup de revenus en espèces. ? La valeur de la production de l'orge plantée dans le canton de Karu n'était en effet que de 1 400 yuans (175 euros) par mu (0,067 hectare). La culture profonde du canton de Tunpa, ville natale de Thonmi Sambhota, créateur de l'écriture tibétaine, restait alors peu connue...Ces résultats d’enquêtes ont laissé Zhao Jinxiang perplexe. Des questions se sont alors imposées à lui : pourquoi ne pas planter des cultures de rente ? Comment peut-on tirer profit des ressources avantageuses ?
Après m?re réflexion, Zhao Jinxiang a proposé de développer les trois principales industries de la région : le poulet tibétain, le yak et les plantations caractéristiques en fonction des conditions locales, et d'introduire le concept de développement économique du fossé, pour développer le tourisme local, promouvoir l'intégration des différents secteurs, relocaliser les agriculteurs pauvres, diversifier leurs emplois et leurs sources de revenus.
Le centre d'exposition de la culture populaire du comté de Nimu
Au cours de ses enquêtes, Zhao Jinxiang a découvert que la vente de pêches sur le marché de Nimu pouvait rapporter jusqu'à 60 yuans le kilo (7,5 euros). C'est ce qui lui a donné l'idée de développer une industrie fruitière dominée par les grosses pêches. ? Quand bien même le prix des pêches serait de 10 yuans le kilo, le revenu des planteurs de pêche serait 20 fois plus élevé que celui des planteurs d'orge tibétain. ? Mais peut-on le faire sur le plateau ? Sa proposition a été contestée au début.
? Le changement est la seule issue. On ne saura si ?a fonctionne que si l'on essaie. ? Zhao Jinxiang a commencé par consulter les données météorologiques de la région de Nimu. Il a été agréablement surpris de constater que la température locale accumulée était similaire à celle de la zone de Pinggu, sa ville natale. En même temps, il a découvert qu'il y avait des pêchers sauvages vieux de centaines d'années. Toutes ces découvertes lui ont données confiance. En outre, avec le soutien d'une équipe technique venue de Pékin et d'un fonds intégré dans le 13e plan quinquennal de Pékin, aux alentours du Festival de Ching Ming de 2017, huit variétés de pêches de la zone de Pinggu ont été introduites dans le comté. Au total, 10 000 pieds de pêchers ont été plantés à Nimu. Fin mai, le taux de survie des plantules atteignait les 90 %. Aujourd'hui, des pêches nouvelles ont déjà commencé à pousser sur les arbres.
Zhao Jinxiang estime que tout en réalisant une restructuration industrielle, il est nécessaire de cultiver et d'introduire de nouvelles entités commerciales. Par conséquent, dans la zone économique du fossé de 40 kilomètres de long, en s'appuyant sur les noyers, les pêchers et la tradition de l'élevage de poulets, l'agriculture de loisirs, la zone de démonstration agricole de style tibétain, le tourisme chez les locaux et la vente de spécialités ont été mis en place. De plus, le comté a construit un parc écologique des sources chaudes, relogé des agriculteurs et des éleveurs pauvres le long des zones de haute altitude et construit un musée d'encens tibétain, afin d'intégrer les secteurs primaire, secondaire et tertiaire à ces projets.
Zhao Jinxiang affirme que le développement de l'industrie pour promouvoir la croissance des revenus n'était que le début de la mise en ?uvre d'une réduction ciblée de la pauvreté. Pour réussir à réduire la pauvreté, il est nécessaire de promouvoir la réforme rurale, transformer les méthodes de gestion et établir des mécanismes opérationnels. Le comté de Nimu a mis en place un mécanisme de garantie d'opération coordonné par le gouvernement, les agriculteurs et les sociétés, et a établi un mécanisme spécifique de réduction ciblée de la pauvreté. à l'heure actuelle, la construction de projets clés a été menée à bien et a obtenu de bons résultats. Sur le site du projet en 2017, les ménages touchés par la pauvreté ont augmenté leurs revenus de près de 3 000 yuans (375 euros), atteignant ainsi le seuil de sortie de la pauvreté. En 2018, une société nouvellement créée a réalisé un profit de 3 millions de yuans (375 000 euros). Dans le même temps, 1 173 personnes sont sorties de la pauvreté et ont vu leurs revenus augmenter. Ainsi, ce sont plus de 31 000 agriculteurs qui ont pu bénéficier de ces projets.
En 2018, le comté de Nimu a réussi à sortir de la pauvreté. Zhao Jinxiang a remporté le prix national de lutte contre la pauvreté. Après trois ans d'aide au Tibet, il estime qu'il reste encore beaucoup de travail à faire et que ses camarades devront se concentrer sur le présent et se projeter sur le long terme pour que le peuple de Nimu s'intègre dans la société aisée avec l'ensemble du pays.
(Rédactrice : Claire SHENG)