Dans les années 1950, le président Mao re?oit un groupe de jeunes tibétains. Au premier rang, Yeshe Drolma est la troisième en partant de la gauche.
? C'est la première fois que je vois notre président Mao. On s'est serré la main cordialement. ?
En tant que représentante des jeunes tibétains, Yeshe Drolma est re?ue par le président Mao dans les années 1950. Elle a une vingtaine d'années sur cette photographie unique.
Yeshe Drolma à son domicile, à Chengdu.
Soixante ans plus tard, on rend visite à Yeshe Drolma, aujourd'hui agée de 84 ans, dans la maison de retraite des cadres de la région autonome du Tibet, à Chengdu. Les cheveux grisonnants, cette ancienne soldate garde son esprit vivant et son caractère franc. Elle se rappelle de manière floue son vécu au sein de la 18ème Armée qui a marché vers le Tibet. A travers son récit, on peut distinguer sa philosophie de vie toujours ferme, optimiste et tranquille.
Le panorama de la ville de Batang dans les années 1950, où Yeshe Drolma a passé son enfance.
S'engager dans l'armée à l'age de 16 ans
Au carrefour du Sichuan, du Yunnan et du Tibet, la ville de Batang se trouve à l'extrémité ouest de la préfecture autonome tibétaine de Garzê, et est entourée de montagnes et de la rivière Jinsha. Sa localisation particulière fait de la ville un lieu important d'échanges entre le peuple Han et les Tibétains.
C'est ici qu'est née Yeshe Drolma.
En janvier 1951, alors à peine agée de 16 ans, elle était orpheline de ses deux parents. A l'époque, elle ne pouvait que loger chez un voisin bienfaisant et chercher un travail temporaire pour survivre.
Seule et pauvre, la petite Yeshe Drolma désirait fortement avoir une famille.
C'est à ce moment même que les troupes d'avant-garde de la 18ème armée sont arrivés à Batang. Elles avaient pour but de mobiliser la population locale à s'engager dans l'Armée populaire de Libération. En suivant d'autres jeunes gens, Yeshe Drolma s'est enr?lée dans l'armée. Même si la vie dans l'armée était dure, elle se sentait néanmoins dans une véritable famille.
Les troupes marchent vers le Tibet depuis la région sud-ouest.
Marcher vers le Tibet
Fra?chement arrivée, Yeshe Drolma ne savait pas parler chinois. Elle a commencé donc par des notions de base. Le soir, elle suivait des cours pour femmes dans l'armée afin d'apprendre plus et de mieux comprendre la révolution populaire.
En dépit des glaciers et des montagnes enneigées, les troupes ont bravé tous les dangers dans leur marche en avant.
Dix jours plus tard, les troupes s'apprêtaient à se diriger vers Qamdo, où une bataille avait pris fin. Sur la route, Yeshe Drolma a remarqué que les troupes donnaient de l'argent aux soldats tibétains captifs pour les laisser rentrer chez eux.
Les soldats tentent de construire une route sur les falaises.
La veille d'entrer à Lhassa, Yeshe Drolma a rejoint l'équipe chargée de construire la route dans les montagnes.
Toute jeune, elle n'était pas capable d'effectuer le travail lourd. Elle a donc choisi de chercher des légumes sauvages avec Gao Zhizhen, la plus jeune soldate de l'armée, afin de mieux nourrir les soldats ouvriers.
De Qamdo à Lhassa, tous les soldats portaient des sacs, du riz et des armes lourdes d'environ 36 kilos. Les membres de la troupe artistique avaient aussi leur propre équipement à transporter. C'est pour cela que les troupes avan?aient aussi péniblement.
A peine arrivés dans le campement, Yeshe Drolma et ses confrères ont commencé à jouer. Très vite, les sons des gongs et des tambours ont attiré les locaux. ? Je me rappelle que ma première interprétation était dans la Danse de grande union nationale, qui a réuni les danses tibétaine, ou?ghoure, yi et han. Plus tard, j'ai aussi interprété la danse Xuanzi de Batang en costume tibétain. ?
Les compatriotes tibétains utilisent les bateaux faits de peaux de vaches pour transporter le matériel.
Débarquer à Lhassa
La ville de Lhassa se trouve sur l'autre rive de la rivière de Lhassa.
Avant de traverser la rivière, les troupes se sont arrêtées pour faire leur toilette. ? Tout le monde avait sorti son nouveau costume de drap offert avant le départ depuis Qamdo : on n'était pas autorisé à le porter pendant la marche. Nous avons d'ailleurs cousu une étiquette de l'Armée populaire de Libération sur notre costume. ?
A Lhassa, la population locale accueillent chaleureusement les troupes de l'Armée populaire de Libération.
Le 9 septembre 1951, Yeshe Drolma traverse la rivière de Lhassa en bateaux faits de peau de vache avec ses camarades. Une cérémonie d'accueil a lieu dans la ville.
Voilà l'histoire d'une orpheline tibétaine devenue soldate de la 18ème Armée. Incontestablement, sa vie était dure, mais vous ne remarquerez qu'une tranquillité dans sa voix et son esprit. De même, son optimisme demeure tout au long de son parcours remarquable.
(Rédactrice : Claire SHENG)