China Tibet Online a invité M. Wu Yuchu, curateur du Musée Tibétain de Yak, à ouvrir une rubrique intitulée "Les Tibétains de toutes professions". Pour la première fois, il va partager sur Internet certaines de ses expériences, pensées et sentiments accumulés au fil des ans, ce qui, nous l'espérons, vous fera entrer dans la vie réelle des Tibétains.
Il y a dix-sept ans, le Musée tibétain ne comptait aucun commentateur professionnel. Chozin était un membre ordinaire du personnel qui servait de commentatrice dans l'unité d'exposition des masques d'opéra tibétains et du Roi Guésar. Le musée ouvrait alors ses portes pour la première fois. Depuis, Chozin a évolué au même rythme que le musée et est devenue la conservatrice du Musée du Tibet.
Chozin a eu de la chance d'être née à l'époque du Nouveau Tibet. Elle a grandi à Shigatsé, deuxième plus grande ville de la région tibétaine. Quand elle était encore enfant, elle suivait ses parents au travail et passait ses journées dans le jardin de l'administration local. Elle y a passé son enfance insouciante avec des enfants qui étaient aussi issues de familles de cadres de l'administration.
Après avoir obtenu son dipl?me d'études secondaires en 1988, Chozin s'est inscrite en spécialité d'arts libéraux du département d'histoire de l'Université du Sichuan grace à ses remarquables études en histoire. Son professeur principal à l'époque était M. Huo Wei, un archéologue très connu, expert en culture et érudit du projet académique du fleuve Yangtze. Elle faisait partie de ses étudiants tibétains qui étudiaient la culture et l'art au Département d'histoire de l'Université du Sichuan, et qui sont maintenant devenus l'épine dorsale du cercle culturel au Tibet.
Chozin a été affecté au Bureau des vestiges culturels de Shigasté après avoir obtenu son dipl?me de l'Université du Sichuan. Elle n'y a passé qu'un an avant d'être affectée au Bureau de préparation du Musée du Tibet à l'époque. C'est là qu'elle a rencontré un autre mentor de sa carrière, Trinley Chodra, historien tibétain, expert des reliques culturelles, écrivain et traducteur.
A l'époque, le Tibet était probablement la seule région chinoise sans un seul musée provincial. En tant que directeur du Bureau de préparation du Musée de Tibet et curateur du musée fondateur, Trinley Chodra a assumé une tache historique sans précédent. Bien qu'il y ait eu une énorme somme allouée (99 millions de yuans) à l'époque, tout devait partir de zéro : la planification et la construction de la construction d'immobilisations, l'allocation et la collecte des reliques culturelles, l'allocation et la formation du personnel, la conception et la présentation d'exposition, ce qui était inconcevable pour le professionnel littétaire qu'était Trinley Chodra. En plus de toutes ces difficultés, ils ont eu la mission de transmettre un nouveau concept à la société tibétaine à travers cette entreprise, à savoir "Qu'est-ce qu'un musée ? ? , qui était un terme absolument nouveau pour le peuple tibétain. La mission de Trinley Chodra et de ses subordonnés n'était pas seulement de construire un musée, mais aussi d'implanter le concept des musées modernes dans la société tibétaine contemporaine. Chozin nous raconte la vie de l'époque : ? Chaque jour, notre professeur nous apprenait beaucoup de choses, l'une après l'autre, tache par tache. Nous nous sommes familiarisés avec chaque partie du batiment, chaque vestige culturel du musée ?. Trinley Chodra était un enseignant sévère et en même temps un a?né charitable. Sous sa direction, Chozin a été témoin de presque tout le processus de préparation pour la construction du Musée de Tibet, et a également vécu les difficultés et les accomplissements, l'amertume et la joie.
Chozin est une professionelle du musée avec une capacité intellectuelle et émotionnelle exceptionnelle. Elle possède non seulement l'expertise des arts libéraux, mais elle est également douée pour l'organisation et la coordination. Lorsqu'elle s'est rendue dans des musées en Europe et aux états-Unis pour des expositions, elle a absorbé l'expérience et les pratiques des autres confrères ; lorsqu'elle s'est rendue dans les musées des provinces et villes voisines en Chine, elle a rendu visite à des enseignants et s'est fait des amis partout ; elle a exploré un nombre incalculable de nouvelles fa?ons d'exposer, formé d'excellents professionnels en exposition de musée...
Pour une entité fondée en 1999, le musée ne peut plus répondre aux besoins d'exposition d'aujourd'hui, quelle que soit la taille de l'édifice ou les installations fonctionnelles. Après plusieurs études de faisabilité, le gouvernement populaire de la région autonome du Tibet a décidé de reconstruire et d'agrandir le site original du Musée du Tibet. Ce dernier est fermé depuis décembre 2016 pour une durée de cinq ans. Le nouveau musée représente un investissement de 660 millions de yuans et couvre une superficie de 54 000 mètres carrés, soit cinq fois plus que l'ancien. Chozin, la jeune fille timide d'il y a 17 ans, dirige maintenant le grand projet de rénovation et d'agrandissement.
Le Musée du Tibet d'aujourd'hui est en train d'innover en profondeur dans ses concepts de base et ses modes de fonctionnement. L'un des problèmes les plus importants est l'orientation fonctionnelle des musées. En fait, le temps où le Musée planifiait et organisait des expositions comme il le souhaitait et attendait que les visiteurs affluent devant sa porte ouverte est révolu. Selon Chozin, le Musée du Tibet évoluera en ? salon de la ville ? sur le plateau tibétain, avec des objectifs fondamentaux de "collection, recherche, exposition, éducation, protection scientifique et technologique, et création littéraire qui sont tous caractéristiques du Tibet". Ce ? salon de la ville ? aura également pour mission d'accueillir un large éventail d'invités, et leurs enfants. Une telle exposition n'aura plus d'un thème permanent et ne sera plus un lieu que l'on ne vient visiter qu'une fois. Pour les touristes, le musée ne doit pas être une simple salle d'exposition, mais avant tout un lieu de découverte où se dévoilent de manière concentrée la culture et le mode de vie du peuple tibétain.
(Rédactrice : Lucie ZHOU)