Tashi Wangdu, élève en deuxième année dans la classe 5 de l’école primaire numéro 1 de Lhassa, est depuis tout petit à la charge de sa grand-mère, Mme Lhasung, car ses parents travaillent loin de chez eux, quelque part dans la préfecture de Ngari.
Cette année, Mme Lhasung, tout comme la centaine d’autres parents d’élèves, commence à s’inquiéter d’une éventualité : M. He Xiaobo, instituteur de Pékin en mission volontaire à Lhassa et responsable de la classe 5, devra quitter Lhassa l’année prochaine, alors que ses 44 élèves tibétains souhaitent de tout c?ur qu’il ne parte pas.
Un élève prenant l’instituteur Xiaobo dans ses bras
Afin d’améliorer la qualité pédagogique des écoles de Lhassa, depuis 2014, la municipalité de Pékin a pris l’initiative d’y affecter cinquante instituteurs et institutrices en mission volontaire. En 2017, l’effectif de cette mission a été élargi à 70 personnes et couvre les écoles primaires, collèges, lycées, ainsi que les formations professionnelles. Parmi ces volontaires on trouve M. He, originaire de Pékin, et plus précisément du district Miyun.
Le 27 septembre dernier, notre journaliste a c?toyé les 44 élèves lors d’un cours de chinois. Pendant la classe, dans une ambiance gaie et animée, les élèves étaient très réactifs aux questions posées par l’instituteur. Pendant la pause, Xiaobo est resté en salle de classe pour regarder jouer ses ? petits anges ?, et même jouer avec eux. Rester dans salle de classe pendant la pause lui permet de répondre aux besoins des enfants si nécessaire et de les calmer avant le cours suivant.
M. He Xiaobo pendant sa classe
? M. He est l’un des instituteurs les plus attentifs que je connaisse ?. Chaque fin de journée, M. He accompagne ses élèves jusqu’au portail de l’école, nous explique Mme Lhasung, et n’est rassuré qu’après avoir vu les parents récupérer leurs enfants.
Ainsi, au cours de ces deux dernières années, l’instituteur est devenu le meilleur ami de ses 44 élèves. Mme Nyima Drolma, mère de l’élève Sonam Gyatso, se souvient s’être tournée vers M. He pour avoir de l’aide lorsque son gar?on ne voulait pas faire ses devoirs. M. He était alors intervenu en parlant avec Gyatso en vidéo. D'après la mère, l’instituteur a joué un moment avec l’élève avant de raccrocher. Après cela, Gyatso, calme et joyeux, est retourné à ses devoir. ? Il prend soin de nos enfants, parfois même plus que nous les parents ?, voilà le portrait qu’en fait Nyima Drolma.
Parmi les 44 élèves de M. He Xiaobo, seulement 13 viennent de Lhassa, alors que la majorité vient d’autres régions du Tibet telles que les préfectures de Nagchu, Ali et Shannan. A savoir que la plupart des élèves sont à la charge de leurs grands-parents, qui sont donc leurs gardiens réels et qui prennent soin d’eux au quotidien. Ces personnes agées ont pourtant souvent du mal à communiquer en mandarin.
Directeur de l’école primaire, M. He Jun nous explique que, pour communiquer avec les parents d’élève, l’instituteur a souvent besoin d’un ? interprète ?, un r?le qu’ont assumé volontiers ses collègues tibétains et même certains habitants locaux. Les entretiens entre M. He Xiaobo et les parents ont fait na?tre une profonde affinité entre eux.
M. He chérit beaucoup les jours qui lui restent à Lhassa, d’autant plus quand il pense à son retour à Pékin en 2019. Malgré cela, il se donne comme mission principale d’inculquer ses connaissance à ses élèves avant son départ. ? Je ferai de mon mieux pour rendre les plus belles et les plus fructueuses possibles ces deux années que nous avons vécu ensemble, mes enfants et moi ?.
(Rédactrice : Zhou Qingqing)