"Le multilatéralisme est en danger profond", alerte l'économiste fran?ais Sébastien Jean dans un entretien accordé à Xinhua à l'approche du sommet du G20 qui se déroulera vendredi et samedi à Buenos Aires, en Argentine.
"Le multilatéralisme est en danger profond, existentiel dans certains domaines", souligne le directeur du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII, dépendant du gouvernement fran?ais), avant d'avouer que "travailler ensemble entre Etats souverains est un défi constant. Une approche multilatérale repose toujours sur des bases fragiles, car elle est conditionnée au bon vouloir des Etats".
"Mais les menaces qui pèsent aujourd'hui sur le multilatéralisme, dans le contexte de guerre commerciale amorcée par les Etats-Unis, sont d'une toute autre ampleur", souligne-t-il.
Le prochain sommet du G20, qui fête cette année son 10e anniversaire, se présente dans un contexte où les tensions internationales sont très fortes, rappelle M. Jean, ajoutant que l'enjeu principal sera de calmer le jeu. "Les milieux économiques exercent des pressions pour trouver un accord, car les conséquences de la guerre commerciale amorcée par les Etats-Unis sont déjà visibles, notamment pour un certain nombre d'entreprises".
Ce sommet, qui a pour thème "Batir un consensus pour un développement équitable et durable", sera consacré à l'économie mondiale, au commerce, aux investissements, au développement durable, aux infrastructures et au changement climatique.
Pourtant, "échouer à défendre le multilatéralisme serait tragique, en matière de lutte contre le changement climatique bien s?r, et dans bien d'autres secteurs également", alerte l'économiste.
"La Chine et l'Europe ont un r?le central à jouer en la matière, car une organisation structurée, ordonnée n'est possible que si de grands leaders, de grandes puissances commerciales, donnent l'exemple", poursuit l'économiste.
"La France et l'Union européenne doivent reconna?tre le droit de la Chine à avoir un système économique différent, avec ses spécificités", développe-t-il.
"Pour la Chine, étant donné sa puissance économique, cela implique d'accepter que son système économique est différent et qu'il a des conséquences sur d'autres", estime Sébastien Jean.