La société affirme que Washington a lancé une ? campagne géopolitique tactique ?
L’entreprise chinoise Huawei Technologies Co Ltd a critiqué les tentatives des Etats-Unis de dissuader leurs alliés d’utiliser les produits du plus grand fabricant mondial d’équipements de télécommunications, accusant Washington de faire usage de pouvoirs gouvernementaux contre une entreprise privée.
Xu Zhijun, l'un des trois présidents tournants de Huawei, a déclaré lors d'un point de presse à Shenzhen que les Etats-Unis ont lancé une ? campagne géopolitique tactique et coordonnée ? contre l'entreprise chinoise.
M. Xu a affirmé mercredi que les discussions en cours sur la 5G étaient de nature politique, et s’est demandé si les Etats-Unis envisageaient réellement de protéger la vie privée des citoyens d'autres pays ou s'ils avaient d'autres motivations.
? Certains disent que, parce que ces pays utilisent des équipements Huawei, les agences américaines auraient plus de difficultés à obtenir les données de ces pays ?, a avancé M. Xu.
Le responsable a tenu ces propos après que le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, en visite en Europe cette semaine, a mis en garde la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne contre l’utilisation d’équipements Huawei, soulignant que cela compliquerait la tache des Etats-Unis pour ? collaborer avec eux ?.
M. Xu a annoncé que Huawei dépenserait plus de 2 milliards de dollars durant les cinq années à venir pour renforcer la cybersécurité, avec entre autres la réécriture de certains codes, et ce afin de renforcer la confiance avec les opérateurs télécom étrangers.
Des experts ont avancé qu'aucune preuve factuelle n'avait été trouvée pour soutenir les allégations de sécurité contre Huawei, ce qui signifie qu'il est illogique d'interdire totalement le poids-lourd technologique chinois.
Robert Hannigan, ancien responsable du Government Communications Headquarters, service de renseignements électroniques du Royaume-Uni, a déclaré dans un article d'opinion paru dans le Financial Times que l'Occident devrait mettre fin à son ? hystérie ? vis-à-vis de la technologie chinoise.
Le point clé ici est que ? le NCSC n’a jamais trouvé de preuve d’une cyberactivité malveillante de l’Etat chinois via Huawei ?, écrit M. Hannigan. Le NCSC fait référence au National Cyber Security Center, organisation du gouvernement britannique qui conseille et aide les secteurs public et privé sur les moyens d'éviter les menaces à la sécurité informatique.
Selon M. Hannigan, les affirmations selon lesquelles toute technologie chinoise faisant partie d'un réseau 5G représente un risque inacceptable sont absurdes, et l'Occident devrait accepter que la Chine devienne une puissance technologique mondiale à l'avenir.
Au troisième trimestre de 2018, Huawei détenait 28% du marché mondial des équipements de télécommunications, selon les dernières données de la société de recherche Dell'Oro Group. Bien que confrontée à des allégations de sécurité sur certains marchés, la société basée à Shenzhen a annoncé en janvier avoir expédié plus de 25000 stations de base 5G dans le monde, en hausse comparé au chiffre de 10000 annoncé fin décembre.
Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a indiqué jeudi lors d'une conférence de presse régulière à Beijing que la sécurité des informations de réseau était la préoccupation commune de tous les pays.
? Toutes les parties peuvent résoudre ce problème par le biais d'une coordination égale et amicale et d'un arrangement approprié, dans la mesure où elles ne subissent aucun préjudice, renforcent la confiance mutuelle et ne politisent pas le comportement économique normal ?, a-t-elle déclaré.
La Chine espère que toutes les parties pourront respecter le principe de marché de la concurrence libre et loyale et créeront un environnement des affaires juste, équitable, non discriminatoire et propice à une coopération normale entre les entreprises, a-t-elle ajouté.
Wang Yanhui, secrétaire général de la Mobile China Alliance, a affirmé que Huawei fournissait ses services à des opérateurs de télécommunication européens depuis l'ère de la 3G et qu'il n'y avait eu aucune preuve de conduite malveillante.
? Le monde devrait laisser parler les faits et ne pas s'inquiéter de la peur suscitée par certains pays ?, a déclaré M. Wang.
(Rédactrice : Claire SHENG)