La Loi sur les investissements étrangers, qui a été adoptée le 15 mars dernier par l'Assemblée populaire nationale (APN) et est entrée en vigueur au 1er janvier 2020, ouvre une nouvelle ère d'opportunités pour les entreprises internationales. De nombreux dirigeants d'entreprises internationales ont fait l'éloge de cette nouvelle loi.
? Je pense que [l'entrée en vigueur de cette nouvelle loi] est prometteuse, de la même fa?on que ce que fait la Chine pour encourager le commerce et les investissements étrangers dans le pays. Cela est à placer dans le contexte d'une hausse du nationalisme et du protectionnisme dans un certain nombre de nations, des tendances notoirement préjudiciables à la croissance du PIB national et mondial. L'ouverture va apporter de meilleurs résultats pour la Chine et un intérêt croissant de la part d'un large éventail d'organisations. Deloitte est prête à aider les organisations à établir avec succès leur présence en Chine ?, explique John Meacock, directeur de la stratégie du groupe Deloitte Global.
Au cours des cinq dernières années, la Chine a effectué avec beaucoup de succès sa transition [d'une économie tirée par les infrastructures] vers une économie davantage basée sur la consommation. En ouvrant son marché, la Chine va aider à stimuler la croissance mondiale et apporter un grand nombre d'innovations qui n'ont pas été exploitées auparavant, ajoute-t-il.
La Chine offre un large éventail d'opportunités, notamment avec l'essor des principales entreprises chinoises (privées et d'Etat), la croissance rapide de sa classe moyenne, l'augmentation du nombre d'individus à valeur nette élevée et de grandes entreprises privées, ainsi que son niveau d'innovation actuel, souligne John Meacock.
? Pour nous, tout cela permet de créer des opportunités pour la Chine, pour les entreprises étrangères et pour Deloitte. L'incertitude, en particulier sur le plan géopolitique, n'est jamais bonne pour les affaires. Néanmoins, la plupart des organisations s'efforcent de continuer à commercer et de croire en un monde plus globalisé. Au fil du temps, nous pensons que le nationalisme et le protectionnisme diminueront et nous reviendrons à une progression vers un monde commercial plus libéral ?, affirme-t-il.
Jean-Paul Agon, le PDG du groupe L'Oréal, s'est rendu près de 100 fois en Chine au cours des 22 dernières années. Il raconte avoir été impressionné par sa croissance, sa transformation, les progrès incroyables réalisés au cours des dernières décennies et ses contributions au développement économique mondial.
? Je n'ai jamais vu un pays où autant de richesses ont été créées en aussi peu de temps. Ce que la Chine a accompli en 70 ans est époustouflant. Au cours des dernières décennies, des centaines de millions de personnes ont augmenté considérablement leur qualité de vie. Nulle part ailleurs au monde, ni à aucun moment dans l'histoire de l'humanité, n'y a-t-il eu un équivalent ?, souligne M. Agon.
Selon lui, les jeunes générations n'ont pas seulement un pouvoir d'achat sans précédent, ils ont également un appétit intense pour la consommation. Ces nouvelles demandes colossales stimulent la croissance et la vitalité économique, transformant la Chine en une économie tirée par la consommation et l'innovation, et faisant d'elle le moteur n°1 pour la croissance dans le monde.
Jean-Paul Agon est également fasciné par la ? phygitalisation ?, une nouvelle norme de consommation menée par la Chine qui élimine la distinction entre la présence physique d'un point de vente et des applications ou fonctionnalités numériques. Parallèlement au soutien du gouvernement chinois, cette ? phygitalisation ? permet de porter le marché chinois, mais aussi le monde, vers de nouveaux sommets.
? Lorsque je rencontre les dirigeants institutionnels chinois, ils me demandent toujours "Que puis-je faire pour vous ?" et ensuite, ils vont jusqu'au bout des choses. De plus, les initiatives du gouvernement pour libérer le potentiel des entreprises, comme les réformes supprimant ou réduisant les taxes, sont impressionnantes et progressistes. Chez L'Oréal, nous sommes honorés et reconnaissants d'être aux avant-postes pour saisir [ces opportunités] ?, explique le PDG de L'Oréal.
Daryl Guppy, le président du Bureau des territoires du Nord pour le Conseil du commerce, fait écho au point de vue de Jean-Paul Agon sur la détermination du gouvernement chinois à ouvrir encore davantage son marché aux entreprises internationales. Selon lui, la nouvelle Loi sur les investissements étrangers représente une transition stratégique majeure dans l'approche de la Chine sur le r?le des investissements étrangers dans la croissance économique du pays.
? Le principe sous-jacent à la Loi sur les investissements étrangers est le concept de traitement national. Cela donne aux investisseurs étrangers des droits équivalents à ceux dont bénéficient les entreprises nationales dans les domaines incluant les droits de propriété, la protection des secrets commerciaux et le versement en yuans ou en devises étrangères des dividendes à l'étranger. La participation des entreprises étrangères aux appels d'offre du gouvernement chinois est explicitement autorisée ?, note-t-il.
Il s'agit de pas de géant qui fixent la vision stratégique pour la poursuite de l'ouverture de l'économie chinoise par la diversification de la coopération, afin d'assurer une croissance économique continue. Cette loi ouvre la voie à la diversification des capitaux, ainsi qu'à une plus grande intégration dans l'économie mondiale, par des moyens qui vont au-delà du fait d'être un simple fournisseur de marchandises. Cela fixe le cadre pour la Loi sur les investissements. La fa?on dont elle sera mise en ?uvre dépendra en partie de la fa?on dont les chambres de commerce étrangères et les groupes commerciaux étrangers pourront apporter une aide constructive dans ce processus, explique M. Guppy.
La Chine a dévoilé la réglementation sur la mise en ?uvre de la Loi sur les investissements étrangers pour mieux protéger les droits et intérêts légitimes des investisseurs étrangers. Le Premier ministre Li Keqiang a signé un décret du Conseil des affaires d'Etat pour publier cette réglementation, qui a pris effet au 1er janvier 2020.
En 2019, la Chine a accompli des progrès notables dans la garantie de la stabilité des flux entrants d'investissements directs étrangers (IDE), grace à une combinaison de nouvelles politiques et mesures, a déclaré le ministre du Commerce chinois, Zhong Shan, lors d'une conférence de travail le 29 décembre à Beijing.
D'après le ministre, il y a eu 722 projets à capitaux étrangers ayant un investissement d'au moins 100 millions de dollars (89 millions d'euros) au cours des onze premiers mois de 2019, soit une croissance de 15,5 % en glissement annuel. Un total de 36 747 nouvelles entreprises à capitaux étrangers ont été établies au cours de la même période, tandis que les IDE dans la partie continentale de la Chine ont augmenté de 6 % en glissement annuel pour atteindre les 845,9 milliards de yuans (108,4 milliards d'euros).
(Rédactrice : Claire SHENG)