Dans la foulée de l'annonce du gouvernement américain qu'il allait interdire les exportations non autorisées de technologie américaine à Huawei, plusieurs géants américains de la technologie, dont Google, auraient interrompu leurs livraisons à l'entreprise chinoise.
Sur fond d'escalade des tensions commerciales entre les deux plus grandes économies du monde, les Etats-Unis ont placé Huawei – le visage du progrès de la haute technologie chinoise – sur leur ? Liste d'entités ?, ce qui est sans aucun doute un coup calculé pour nuire à la Chine et Huawei.
? Les Etats-Unis utiliseront probablement leur capacité à empêcher Huawei d'accéder à des composants comme monnaie d'échange dans un futur accord commercial avec la Chine ?, estime The Economist.
Et cela est en effet très probable. Seulement, les choses pourraient ne pas aller dans le sens que souhaitent les décideurs à Washington.
S'ils veulent rejouer ce qu'il s'est passé avec ZTE, société chinoise qui s'appuie fortement sur des technologies étrangères, ils pourraient être dé?us, car Huawei est un type d'entreprise radicalement différent.
Le Plan B que Huawei vient de révéler - une série de puces auto-développées - n'est qu'une partie de ce qui fait de Huawei une entreprise avec une vision stratégique, mais aussi une forte résilience.
Au fil du temps, cette vision lui a apporté une biosphère viable qui, selon son fondateur Ren Zhengfei, lui permettra de résister à la tempête. ? Notre croissance pourrait chuter un peu à la suite des restrictions imposées par les Etats-Unis, mais une croissance négative est impossible ?, a affirmé M. Ren, confiant, lors d'une interview accordée mardi aux médias chinois, ajoutant que Huawei entretenait depuis longtemps une relation de confiance avec ses partenaires du secteur.
C'est peut-être pourquoi, même après que Google a interdit à Huawei d'utiliser certaines fonctionnalités d'Android, M. Ren a salué le géant de la Silicon Valley, qu'il qualifie de ? bonne entreprise ?. C'est peut-être pourquoi, malgré le fait que le gouvernement américain a placé Huawei sur sa liste noire, M. Ren a fait part mardi de sa volonté de continuer à collaborer avec ses partenaires américains à l'avenir.
La confiance de M. Ren réside dans la capacité de Huawei à servir ses clients ? en toutes circonstances ?, alors que l'entreprise bénéficie du soutien de sa clientèle croissante, tant en Chine qu'à l'étranger.
? La semaine dernière, lors d'un appel d'offres lancé par China Mobile, nous avons remporté des contrats pour la construction de réseaux 5G dans 37 villes sur 40 ?, a révélé M. Ren. ? Notre capacité de production de masse est énorme et ne diminuera pas beaucoup avec les restrictions américaines ?.
Le dirigeant de Huawei, d'ordinaire assez discret, n'a pas caché sa fierté pour les technologies de son entreprise : ? La 5G de Huawei ne sera absolument pas affectée. En ce qui concerne les technologies 5G, les autres ne rattraperont certainement pas leur retard, que ce soit dans deux ou trois ans ?.
C'est la raison pour laquelle Ren Zhengfei, confiant, a déclaré que la dispense de 90 jours accordée par Washington lundi n'était pas indispensable.
Si les élus de Washington se demandent pourquoi leurs alliés européens hésitent à répondre à leurs demandes d'exclure Huawei de leurs réseaux 5G, M. Ren a la réponse : ? Pour chaque site de station de base, Huawei peut faire économiser 10000 euros (11192 dollars) aux Européens. Au lieu de suivre les Etats-Unis, ils ont communiqué étroitement avec nous ?.
Huawei n'est pas ZTE, et est peu susceptible de devenir le genre d'otage vulnérable que ZTE a été. La tactique des Etats-Unis ne fonctionnera pas une seconde fois.
(Rédactrice : Lucie ZHOU)