Parmi les 31 régions de niveau provincial qui ont révélé mercredi leurs accomplissements économiques de 2018, la région autonome de Tibet dans le sud-ouest de la Chine s’est placée en première position avec 10 % de croissance du PIB en glissement annuel.
Il s’agit de l’unique région à avoir atteint une croissance à deux chiffres l’année dernière dans un contexte de ralentissement économique national. Ce fut également la 26e année consécutive de croissance à deux chiffres pour le Tibet.
En 2018, le PIB du Tibet a atteint les 140 milliards de yuans (18 milliards d’euros), soit une croissance de 10 % par rapport à 2017. Ce niveau dépasse largement le taux national de 6,6 %, indiquait le 10 janvier un rapport de travail du gouvernement régional.
Alors que dix régions de niveau provincial en Chine ont rapporté une croissance du PIB inférieure à la moyenne nationale, le Tibet a enregistré une croissance remarquable. Le budget public général a par exemple atteint les 23 milliards de yuans et les revenus disponibles par habitant en zone rurale ont augmenté de 13 % en glissement annuel.
Des améliorations dans la construction des infrastructures, ainsi qu’un boom touristique, ont été les deux principaux moteurs du développement du Tibet.
? Il existe un potentiel considérable pour développer l’économie grace au tourisme. […] La beauté des paysages naturels, la curiosité de la population vis-à-vis de la culture locale et le bouddhisme tibétain offre une base formidable pour développer le secteur touristique. Par ailleurs, de nombreux jeunes Chinois sont désormais à la recherche de vacances paisibles, plut?t que passées à faire les magasins ?, explique Zhang Lingyun, le directeur de la Faculté du développement touristique de la Beijing Union University.
Selon lui, le Tibet apporte aux touristes chinois et internationaux une opportunité de ? retour à la nature ?, et la stabilité sociale au Tibet a permis d’attirer plus de touristes dans la région.
L’année dernière, le nombre de touristes au Tibet a dépassé pour la première fois la barre des 30 millions, enregistrant une croissance de 31,5 % en glissement annuel, a déclaré M. Qizhala, le président du gouvernement régional, dans son rapport de travail gouvernemental présenté le 10 janvier à la 2e session de la XIe Assemblée populaire de la Région autonome du Tibet. Les revenus du tourisme ont également enregistré une croissance de 29,2 % en glissement annuel pour atteindre les 49 milliards de yuans.
Tian Yun, le vice-président de l’Association des opérations économiques de Beijing, a déclaré que si le Tibet parvenait à maintenir son développement positif dans le secteur du tourisme et à protéger son environnement, il parviendrait à accomplir une croissance continue de son PIB pendant de nombreuses années.
En 2018, le Tibet a créé 667 000 emplois liés à la protection environnementale, qui ont aussi permis de réduire la pauvreté.
En plus du boom touristique, la construction d’infrastructures au Tibet a apporté à la région plus d’opportunités de coopération avec les pays d’Asie du Sud, comme le Népal.
Le rapport de travail gouvernemental 2019 du Tibet indique que la région va améliorer la connectivité de la construction des infrastructures avec le Népal pour ouvrir de nouvelles voies vers l’Asie du Sud, avec des projets d’infrastructures dans les xian de Gyirong et Pulan.
En 2018 eurent lieu le Forum économique sur la coopération transhimalayenne et la Conférence du commerce Tibet-Népal organisée par la Chine. Ces évènements ont aidé la Zone franche globale de Lhassa et la Zone de coopération économique frontalière de Gyirong à accomplir des progrès substantiels, indique le rapport. Par ailleurs, la valeur de production globale à tous les niveaux des parcs industriels a atteint les 25 milliards de yuans.
Cependant, le mauvais état des routes restreint le commerce bilatéral entre le Tibet et Katmandou, explique Yi Su, un homme d’affaires basé à Lhassa et impliqué depuis 27 ans dans le commerce extérieur. Selon lui, les résultats économiques remarquables du Tibet découlent de la construction des infrastructures par le gouvernement et il espère que d’autres projets d’amélioration des infrastructures seront mis en ?uvre.
M. Yi exporte des appareils électriques, du textile et des produits de nécessité courante depuis Xigazê dans le xian de Gyirong vers Katmandou. Les marques comme Changhong, TCL et Haier sont populaires au Népal et 95 % des appareils électriques dans ce pays proviennent de Chine, explique-t-il.
? La distance entre Lhassa et le xian de Gyirong est d’environ 600 km et il faut une journée pour transporter les marchandises par route. Entre Gyirong et Katmandu, il n’y a que 147 km mais le voyage dure entre 15 et 16 heures ?, souligne-t-il. Yi Su ajoute toutefois que le gouvernement a investi massivement dans les routes et les voies ferrées pour développer le Tibet.
M. Zhaluo, un membre de l’Académie des sciences sociales de Chine (ASSC), partage cet avis : ? La construction de routes dans les petits villages est une priorité du travail sur les infrastructures au Tibet, car la plupart des autoroutes et des routes principales ont déjà été construites. Les autres projets d’infrastructures, comme les bureaux pour les gouvernements locaux et les toilettes publiques, sont également en cours de construction. ?
L’année prochaine, le Tibet ambitionne d’augmenter son commerce extérieur de plus de 10 % et son commerce frontalier de plus de 30 % dans le cadre de l’initiative des nouvelles Routes de la soie, a indiqué le gouvernement local dans son rapport de travail.
(Rédactrice : Lucie)