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Le prix Nobel d'économie a cette année été attribué à Angus Deaton, un pionnier de la lutte contre la pauvreté. Cela représente à la fois de hauts éloges et un encouragement pour tous ceux qui cherchent à éliminer l'extrême pauvreté dans le monde, un objectif sur lequel le lauréat ne se considère pas ? aveuglément optimiste ?.

Pour les représentants qui assisteront au Forum mondial pour la réduction de la pauvreté et le développement à Beijing vendredi pour partager leurs expériences de lutte contre la pauvreté, il est intéressant de voir comment cet économiste d'origine britannique devenu professeur à l'Université de Princeton, a approfondi la compréhension de la pauvreté à un niveau fondamental.

Cette année, alors que le taux de pauvreté doit tomber pour la première fois sous la barre des 10 % de la population mondiale, l'attribution du prix Nobel à un économiste qui a passé des décennies à étudier ce qui détermine la pauvreté et comment les gens prennent leurs décisions de consommation, est un signe d'encouragement pour tous ceux qui sont engagés depuis longtemps dans la lutte contre la pauvreté.

Même en relevant le seuil international de pauvreté à 1,9 dollar par jour, contre 1,25 dollar par jour en 2005, le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté devrait baisser de 902 millions de personnes, ou 12,8 % de la population mondiale en 2012, à 702 millions de personnes, soit 9,6 % de la population mondiale cette année, selon les prévisions de la Banque mondiale.

Cependant, à l'occasion de la 23e Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté samedi prochain, les décideurs politiques doivent prendre le temps d'apprendre des analyses d'Angus Deaton sur ce qui motive les habitudes de consommation et comment les gouvernements peuvent mieux cibler le développement économique.

Le travail d'Angus Deaton n'est certainement pas destiné à offrir une solution simple à la réduction de la pauvreté dans le monde. Mais son travail de pionnier semble plus que nécessaire pour un pays comme la Chine, qui vise à la fois à réduire le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté d'un million par mois au cours des prochaines années, et de stimuler la consommation intérieure pour en faire le moteur de la croissance de son économie, qui est actuellement la deuxième plus grande économie du monde.

La Chine a énormément contribué aux progrès mondiaux dans la réduction de la pauvreté. Elle a été le premier pays en développement à atteindre les Objectifs du millénaire sur la réduction de moitié de la population en situation de pauvreté avant la date butoir de 2015. Environ 439 millions de personnes en Chine ont été sorties de la pauvreté depuis la mise en ?uvre de l'ère de réforme et d'ouverture.

Mais à la fin de l'année dernière, plus de 70 millions de ruraux vivaient encore en dessous du seuil de pauvreté national, calculé à un niveau de revenu annuel de 2300 yuans. Voilà pourquoi l'allégement de la pauvreté demeure une priorité pour la Chine, et pourquoi elle vise à éliminer cette pauvreté extrême d'ici 2020.

Le ralentissement économique mondial qui se prolonge depuis le début de la crise financière de 2008 ajoutera certainement aux difficultés de la Chine et d'autres pays en développement pour mettre fin à la pauvreté, d'autant plus que le grand fossé qui sépare les riches et les pauvres s'est élargi avec un flux d'argent spéculatif qui a enrichi de manière disproportionnée les 1 % les plus riches dans le monde. Selon le Credit Suisse, la Chine est devenue le deuxième pays le plus riche avec une richesse des ménages évaluée à 22 800 milliards de dollars, ce qui est une bonne nouvelle mais aussi un signe inquiétant si la tendance à l'agrandissement des écarts de richesse se poursuit.

Pour cimenter ses progrès remarquables dans la lutte contre la pauvreté, la Chine devra non seulement dépenser beaucoup d'argent dans le transfert public, l'éducation et la santé pour les pauvres, mais aussi pour stimuler efficacement la croissance tirée par la consommation, afin de générer des opportunités de revenus suffisantes.

Le travail d'Angus Deaton a été salué parce qu'il se penche sur la fa?on dont les comportements individuels affectent l'économie, et parce qu'il crée des outils qui permettent aux gouvernements d'étudier comment les familles ajustent leurs dépenses en réponse aux changements de politique.

Pour accélérer la transformation économique de la Chine vers une croissance tirée par la consommation, les dirigeants ne devraient pas hésiter à s'inspirer des recherches du lauréat du prix Nobel.