?On peut rester trois jours sans manger la viande, mais on ne peut pas rester toute une journée sans manger le Nang ?. Une illustration forte de l'importance que les membres des ethnies minoritaires du Xinjiang accordent à ce pain traditionnel, symbole d'une culture transmise de génération en génération.
Au-delà de son caractère alimentaire, Nang, pure produit de cette minorité, fabriqué par des hommes et des femmes, visiblement contents de perpétuer leur culture, est aussi un des éléments identitaires de cette communauté. Il est présent dans toutes les assiettes, également lors des cérémonies les plus importantes.
Le pain Nang, témoin du mariage
Ce pain généralement en forme ronde et présenté sous plusieurs modèles, intervient dans un moment important du mariage. Fait à base de la farine de froment, Nang dont plusieurs ingrédients interviennent dans sa préparation, c'est aussi le symbole du serment que se font les mariés pour leur future vie commune.
? Je jure de t'aimer pour le meilleur et le pire ?. Au Xinjiang, chez les Nang, cette phrase générique prononcée dans presque tous les mariages à travers le monde, est accompagnée d'un rituel pendant lequel les époux rompent le pain Nang trempé dans un bol rempli d'eau salée, pour ensuite le manger, en faisant cette déclaration devant les invités. L'un des moments le plus important de la fête de noce, a expliqué une chargée de communication trouvée sur place dans le parc de démonstration de ce pain séculaire, à Urumqi, chef-lieu de cette région autonome. Autrement dit, le pain Nang est témoin du mariage, car il est mangé sous serment.
Même si ce pain a traversé le temps et qu'il respire aujourd'hui l'air moderne, son processus de fabrication n'a cependant pas connu de grands changements comme c'est le cas dans d'autres industries de panification : aucun robot, tout est fait à la main. L'idée, pourrait-on dire, consiste à ne pas s'écarter de la culture, avec un enjeu économique consistant à donner du travail aux jeunes.
Au départ, le pain Nang était fabriqué à l'aide d'un four typiquement traditionnel en forme d'un trou creusé au sol, à l'intérieur duquel on allumait les bois de chauffage. A ce jour, les fondamentaux de cette technique sont restés presque les mêmes, sauf que le trou est remplacé par une construction en forme de tonneau. Mais le Pang n'est pas seulement un pain, il est aussi un art, des objets appropriés sont con?us pour créer divers motifs sur sa partie supérieure. Son go?t particulier et la saveur qu'il dégage, tiennent de son assaisonnement à partir des différents fruits et des graines de sésame. Voilà pourquoi ce pain est pour cette communauté un véritable sésame, important plus qu'une viande, soutient-elle.
(Rédactrice : Claire SHENG)