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Sceau, un art chinois

Publié le 2019-02-18 à 11:29  |  China.org.cn


Ayant une histoire de plus de 3 700 ans, la gravure de sceaux est un art spécifique qui combine la calligraphie et la sculpture. 

NIU KECHENG* 

Le caractère yin (sceau) figurait déjà parmi les inscriptions sur carapace et sur os, les plus anciennes écritures de Chine. Il était constitué de deux parties ; celle du haut évoquait un signe pictographique en forme de main, celle du bas un homme agenouillé, d’où la signification de ? presser un homme à la main vers le bas ?. Par conséquent, ? presser de haut en bas ? fut le sens propre de ce caractère, qui fut à l’origine un verbe, puis utilisé également comme un nom. 

Il y a 3 000 ans, à l’époque des Shang et des Zhou, le sceau ne s’appelait pas yin, mais xi. En 221 av. J.-C., après l’unification de tout le pays par l’empereur Shihuangdi des Qin, le xi désignait exclusivement le sceau de l’empereur, et le yin, celui des fonctionnaires de différents échelons et des gens du commun. 

A l’époque des Song du Nord (960-1127), un grand nombre de personnes apposaient leur sceau sur les tableaux et les livres qu’elles avaient conservés de telle sorte que le sceau fut appelé parfois ? tushu ? (livres). Sous la dynastie des Yuan (1271-1368), on utilisa le sceau comme une signature personnelle. On l’appela ainsi ? ya? (gage) ou ? huaya ? (parafe). 

A partir de la dynastie des Han (206 av. J.-C.-220 ap. J.-C.), de nouvelles appellations du sceau ne cessèrent d’appara?tre. Mais, le yin ou le zhang restaient toujours des appellations fondamentales, et le yinzhang devint alors une appellation générale. 

Le Dictionnaire étymologique des caractères explique que le yin est une ? preuve de crédit du gouvernement ?. En fait, les sceaux personnels constituent aussi une sorte de preuve de crédit d’une personne. On appose un signe emblématique là où il faut pour justifier le crédit ou la promesse d’une organisation ou d’une personne. Voilà la fonction initiale du sceau. 


Un sceau en forme d’animal 

Mais s’il en avait été seulement ainsi, le sceau n’aurait pu mériter de devenir un signe symbolique de la culture chinoise, parce que cette fa?on d’utiliser les empreintes du sceau pour exprimer son crédit ou sa promesse n’était pas une invention chinoise. La particularité des sceaux de Chine se traduit par ce qui suit : bien qu’ayant été un genre d’objet très pratique à l’origine, ils s’étendirent plus tard petit à petit, au cours de leur évolution, à un domaine d’expression artistique en plus de leur r?le pratique ; d’artisans très ordinaires, leurs auteurs devinrent des calligraphes et des peintres exercés ; et les sceaux, sorte de signe symbolique, devinrent des ?uvres d’art à apprécier. à l’instar de la calligraphie chinoise, ils prennent les caractères chinois pour leurs éléments de modelage ; comme la peinture chinoise à grands traits, ils adorent les expressions abstraites ; et comme la poésie chinoise, ils attachent de l’importance à la création selon une belle inspiration. Finalement, leur gravure et la sculpture permettent d’obtenir un résultat tout aussi beau mais par des moyens différents. De fait, le sceau représente une forme artistique d’ensemble née de l’influence de divers arts chinois. La synthèse de cet art se manifeste directement à travers la poignée du sceau et l’inscription latérale en dehors de la surface du sceau. L’histoire du sceau, assez longue, est jalonnée de changements de formes, de styles et de go?ts. Il fut coulé sur du métal, gravé sur des pierres, apposé d’abord sur la terre puis sur des feuilles de papier. La forme des sceaux officiels et privés fut d’abord identique puis différente l’une de l’autre. D’un article pratique, le sceau devint un objet d’art. Ainsi, un grand nombre de citations littéraires historiques apparurent-elles au cours de ce processus. De fait, le sceau chinois ne constitue pas seulement un simple article à apprécier, il incarne aussi une forme artistique au profond enracinement culturel. Cette dernière s’est développée jusqu’à nos jours après un millier d’années. Le logo des Jeux Olympiques de 2008 à Beijing est d’ailleurs un sceau chinois ? Jing ? qui traduit pleinement à la fois le charme de la culture traditionnelle chinoise et l’esthétique sportive. Par là, le sceau chinois partage son attrait très particulier avec le monde entier. 

* NIU KECHENG est dipl?mé de la faculté d’histoire de l’Université de Beijing et du département d’histoire de la GSCASS (Graduate School of Chinese Academy of Social Sciences). Il est maintenant président et chercheur de l’Institut des Beaux-Arts de l’Académie nationale des arts de Chine. Son ?uvre The Coloured Chinese Painting a gagné le Prix national du livre. Il a aussi présidé le projet national de planification des arts ? Recherche des couleurs traditionnelles chinoises ? et publié une collection Niu Kecheng’s Chinese Landscape Works. 

(Rédactrice : Claire SHENG) 

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