Par Guido Cappelli
La maladie à nouveau coronavirus (COVID-19) est certainement un phénomène mondial qui est en train de changer la vie quotidienne de plusieurs pays. Mais tous ne réagissent pas de la même fa?on. Devant des phénomènes inattendus, il existe toujours un risque de réactions excessives de la part de la population, de diffusion sans contr?le de préjudices, de soup?ons sans fondement, de craintes irrationnelles, et un état d'agitation populaire dommageable.
Dans certains cas, la réaction des médias, Italiens compris, a même été préjudiciable à la Chine, comme si un virus avait des frontières ou était exclusif à tel ou tel pays. En Occident et en Italie en particulier, les médias et les personnalités publiques n'ont pas toujours fait preuve de respect et d'information nécessaire, même s'il y a eu des épisodes louables de solidarité et de bon sens.
L'Italie a tout d'abord fait preuve de transparence : elle a entrepris des contr?les détaillés et a ainsi découvert, avant d'autres pays européens, un plus grand nombre d'infections. L'état d'alarme dans le pays a également révélé des problèmes critiques dans la gestion de la santé et des communications. L'Italie n'a pas contribué au manque de sensibilité de ses pays voisins, préoccupés par leur propre économie. Aujourd'hui, les Italiens vivent le ? remède ? de la méfiance à l'égard de personnes d'autres pays, comme le sait bien une femme italienne qui est enfermée avec ses enfants dans un h?tel de Tenerife, en Espagne.
Considérée sans préjugés, la Chine a quant à elle eu une réaction rationnelle et efficace, comme l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a su le reconnaitre. Le pays a donné une impression de clarté concernant ses objectifs et ses décisions dans ses interventions, en particulier comparée à la situation plus chaotique qui se produit en Europe et aux états-Unis. Les raisons des différentes réactions face à la même crise ne sont pas faciles à déterminer. Mais ce n'est probablement pas le manque de techniques et de savoir-faire, ni de compétences en communication, mais des raisons structurelles, liées à l'organisation de l'espace public et même à la mentalité du peuple. Face à l'urgence, la Chine a été en mesure de mobiliser ses meilleures aptitudes logistiques (elle a causé beaucoup d'étonnement par sa construction des deux h?pitaux en dix jours pour chaque!), et elle a une population probablement plus disciplinée, plus cohésive. Les gens se sont soumis et ont collaboré aux nouvelles mesures lancées pour prévenir la propagation de la contagion, et en même temps que l'on songeait à isoler le virus, on s'organisait pour maintenir un rythme de vie quotidienne le plus normal possible. J'ai été frappé par la sérénité coopérative d'une collègue de Beijing avec qui j'ai parlé récemment.
Parallèlement, en Italie, malgré les efforts actuels du gouvernement, on se rend compte que l'on a perdu 37 milliards d'euros en dix ans d'investissement dans la santé publique, et cette diminution des ressources se reflète dans l'organisation et l'efficacité de la prévention : plut?t que de construire en un temps record de nouveaux h?pitaux, le gouvernement italien s'est – pour le moment – limité à installer des tentes pour compenser les lits manquants, et a dans certains cas procédé à la fermeture de salles réservées à d'autres maladies afin d'augmenter l'espace dévolu aux maladies infectieuses.
Il serait souhaitable qu'au lieu de succomber à la peur et à la suspicion mutuelles, les différents pays coopèrent les uns avec les autres, en se basant à la fois sur l'organisation et l'utilisation des moyens de la Chine. Il y a des moments d'urgence dans la vie des peuples où dominent le bien commun et l'intérêt général, et où le collectif a préséance sur l'individu.
La Chine a montré qu'elle pouvait le faire, les autres pays doivent retrouver cette dimension communautaire, sacrifiée à une exaltation excessive de l'égo?sme privé et personnel.
(Rédactrice : Lucie ZHOU)