Les grèves sont devenues un phénomène courant de la vie sociale de la France. Après l'entrée en fonction de Macron, les grèves et le bouleversement social sont devenus un symbole du gouvernement actuel. La grève générale en décembre constitue un choc en plus au consensus social et menace la présidence de Macron.
Le système de retraite est la fierté de la France, mais également sa source de douleur. La France a un système de protection sociale réussi. Selon les statistiques de l'Eurostat en 2017, seulement 7% des bénéficiaires de la pension de retraite en France sont exposés aux risques de pauvreté, soit le taux le plus bas dans l'Union européenne. Le niveau moyen de l'UE est de 14%. Cependant, le système de retraite de la France fonctionne bien à condition qu'il y ait plus d'actifs que les retraités. Avec la double pression exercée par le vieillissement et la récession économique, ce système de retraite garantissant un haut degré de protection sociale pourrait aboutir à la défaillance du fonds de pension de la France. Selon le Conseil d'orientation des retraites (COR), avec le système de retraite actuel, d'ici 2025, le déficit du fonds de pension atteindra 8 à 17 milliards d'euros.
Depuis les années 1990, la France a commencé à reformer le système de retraite, mais ces efforts se sont soldés par un échec. La réforme des retraites est extrêmement difficile, ce qui reflète les difficultés du développement du système de bien-être social en Europe. Ce système de bien-être social européen n'est ni adapté à la transition des forces productives et du mode de production, ni adapté aux risques de la mondialisation et de l'intégration, encore moins aux objectifs du développement du marché et du développement social. Il n'est pas capable de garantir l'intégrité et de satisfaire les critères élevés de la société. L'élargissement du bien-être social est remplacé par les politiques de réduction de bien-être social.
Cette grève vise la réforme des retraites envisagée par Macron. Cette réforme est l'une des promesses principales de sa campagne présidentielle en 2017. Macron essaie de changer le système de retraite sclérosé, de booster davantage le développement des entreprises et de créer plus d'opportunités en faveur de la croissance économique et de l'emploi. En même temps, cette réforme pourra également résoudre le problème de déficit budgétaire de la France. Cependant cette réforme va reporter l'age de départ à la retraite des millions de personnes et affecter les industries relevant des régimes spéciaux de retraite, signifiant que les Fran?ais devront travailler plus longtemps et dépenser moins d'argent.
Ce sont principalement des agents de la fonction publique qui participent à cette grève, y compris les cheminots, les enseignants, les agents de soin et les fonctionnaires, parce que cette réforme touche avant tous les intérêts de la fonction publique. Reste à savoir si la population de la communauté marginalisée rejoindra également les grévistes cette fois et si cela va secouer le plan de la réforme de Macron. Selon le sondage du 4 décembre réalisé par Ifop, plus de 70% des Fran?ais soutiennent la réforme, et plus de 70% des Fran?ais soutiennent la grève.
Le jeu de force entre le gouvernement fran?ais et les syndicats sera décisif pour le résultat de cette réforme des retraites. Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement fran?ais a dit que le gouvernement se réserverait encore ? des marges de négociation avec les organisations syndicales ?. Par ailleurs, le premier ministre édouard Philippe a dit que le gouvernement ne cèderait pas. Mais tant que la population soutient la grève, le gouvernement sera obligé d'écouter son opinion et réaliser des concessions. Le système de protection sociale n'existe pas pour que des individus tirent avantage de l'état, ni pour empêcher le fonctionnement de l'état-providence. Le système de protection sociale est le domaine principal de la gouvernance moderne du pays, ce qui nécessite la coordination entre le développement économique, la stabilité sociale et l'équilibre politique.
Du mouvement Nuit debout, aux gilets jaunes, jusqu'à la mobilisation massive, la gouvernance sociale de la France stagne. Des intérêts de chacun étant très fragmentés, le gouvernement a du mal à coordonner les différentes parties prenantes, encore moins à trouver l'équilibre entre le renforcement de l'état providence et les mesures incitatives pour que plus de gens travaillent. Il a donc de grandes difficultés pour promouvoir les réformes sociales conformes aux intérêts à long terme. Ce qui influence l'état-providence derrière la grève, c'est non seulement les intérêts économiques, mais également un jeu politique.
He Zhigao, chercheur assistant de l'Institut des études européennes de l'Académie des sciences sociales de Chine
(Rédactrice : Estelle ZHAO)