La sécurité a été renforcée avant le sommet entre le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi. Le sommet est prévu vendredi et samedi dans l'ancienne ville de Mamallapuram, dans le sud-est de l'Inde. Photos: Cao Siqi / GT
Cette rencontre informelle donnera une touche personnelle à la diplomatie entre les deux pays
L'ancienne ville de Mamallapuram, dans le sud-est de l'Inde, est en train de renforcer sa sécurité et devrait faire peau neuve pour un sommet informel entre le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi, qui devrait se tenir les deux prochains jours.
Selon le Times of India, quelque 10000 policiers ont été appelés et le gouvernement de l'état du Tamil Nadu a recruté neuf officiers du Service administratif indien et 34 officiers supérieurs en tant qu'? officiers nodaux et coordinateurs ? du sommet.
Lorsque le journaliste du Global Times est entré dans la ville en voiture privée, des agents de police avaient établi des points de contr?le et ont posé des questions détaillées au conducteur. Dix policiers étaient encore en service à minuit.
Un expert a confié au journaliste que certains sécessionnistes tibétains avaient pénétré dans la ville et pourraient planifier des ? sabotages ?. Le journal The Hindu a rapporté mercredi que 10 Tibétains, dont un écrivain, un professeur agrégé et d'autres activistes, avaient été arrêtés pour avoir planifié des manifestations.
Des équipements de sécurité ont été installés dans les h?tels. Une serveuse d'un h?tel situé à proximité du Temple du Rivage, site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, a déclaré au Global Times que, pour des raisons de sécurité, le gouvernement avait déployé cinq à six agents de police dans l'établissement.
Des voitures de police patrouillaient les routes et il a été demandé à des étrangers de présenter leurs cartes d'identité.
Un résident de la vile a indiqué au Global Times que pour se préparer au sommet, les habitants avaient droit à un congé de trois jours.
Certains d'entre eux ont fait part de leur bonheur que ce sommet ait permis à l'ancienne ville c?tière de faire peau neuve.
Ils ont noté que les monuments de Mamallapuram avaient été rénovés et que les installations publiques avaient re?u une nouvelle couche de peinture.
Le Global Times a également observé que le site patrimonial était couvert de nouvelles pelouses et que des arbres à proximité avaient été brossés à la peinture blanche.
Des lumières ont été suspendues à la porte du Temple du Rivage. Des ouvriers d'assainissement des villes et municipalités voisines ont été réquisitionnés pour nettoyer la ville.
Les médias locaux ont également évoqué la brève histoire de l'arrivée d'un autre dirigeant chinois à Chennai et à Mamallapuram. En décembre 1956, Zhou Enlai, le premier Premier ministre de la République populaire de Chine, s'était rendu à Mamallapuram, avait visité l'usine Integral Coach Factory et avait salué l'usine comme étant une ? usine moderne pour autocars ?, déclarant qu'il valait la peine que ses compatriotes visitent et apprennent de cette usine.
Mamallapuram est une ville située sur une bande de terre entre le golfe du Bengale et le Grand Lac Salé, dans l'état du Tamil Nadu, dans le sud de l'Inde.
La ville, également connue sous le nom de Sept pagodes, se trouve à environ 50 km du chef-lieu de l'état, Chennai, anciennement connue sous le nom de Madras.
Mamallapuram est réputée pour ses temples et ses monuments construits par les dynasties Pallava aux VIIe et VIIIe siècles.
Mamallapuram a plus de 1700 années de liens historiques avec la Chine en matière de défense et de commerce.
Vue de la ville de Mamallapuram, dans le sud-est de l'Inde. Photo: Cao Siqi / GT
Pendant environ huit siècles, Mamallapuram a prospéré en tant que plaque tournante des affaires dans le golfe du Bengale et comme passerelle pour les exportations et les importations de Chine vers le Tamil Nadu, a déclaré Satyendra Kumar Upadhyay, directeur des relations internationales de l'Université Somaiya Vidyavihar, basée à Mumbai.
? L'accord entre les dirigeants chinois et le roi des Pallava Raja Simhan II, ou Narasimhavarman II, au début du VIIIe siècle a été le premier pacte de sécurité stratégique entre deux royaumes ?, a-t-il indiqué.
Il y a actuellement entre 12 et 15 entreprises chinoises opérant au Tamil Nadu, mais leur nombre devrait augmenter, a noté M. Satyendra.
Chennai a attiré divers fabricants chinois, dont Lenovo et Huawei.
Les entreprises chinoises manifestent un intérêt croissant pour les investissements en Inde, en particulier dans le cadre de l'initiative ? Make in India ?, alors que les co?ts de la main-d'?uvre y sont relativement moins élevés qu'en Chine.
Elles prévoient des opportunités dans la coopération croissante avec la combinaison de la technologie chinoise et de la fabrication indienne.
Les entrepreneurs indiens se disent pleins d'attentes vis-à-vis du sommet pour renforcer la confiance des entreprises.
? Le dialogue et la coopération sont propices à l'élimination des malentendus et des différends ?, a affirmé Naresh Kumar Rawal, directeur général d'Olectra Greentech Technology Company, un fabricant indien de véhicules électriques.
? Cette réunion incitera les entrepreneurs des deux pays à approfondir davantage leur coopération bilatérale ?, a-t-il déclaré au Global Times.
En 2015, Olectra Green Technology et le fabricant chinois de véhicules électriques BYD ont noué un partenariat.
Les deux sociétés ont conjointement créé une usine de conception et de fabrication de bus électriques à Hyderabad, en Inde.
De nouveaux domaines de coopération
Des universitaires indiens estiment que le sommet contribuera à établir une communication stratégique entre les deux dirigeants, à dégager un consensus sur certaines questions et à donner une orientation générale aux relations bilatérales.
Le précédent sommet informel de Wuhan a marqué le rééquilibrage des relations indo-chinoises, qui se trouvaient dans une atmosphère tendue et dangereuse suite à l'affrontement militaire à la frontière du Doklam.
M. Modi est le seul dignitaire étranger à avoir été re?u par le président Xi d'abord à Xi'an, dans la province du Shaanxi (nord-ouest), puis à Wuhan, ce qui constitue un écart par rapport au protocole alors que les deux dirigeants apportent une touche personnelle à la diplomatie, a déclaré Bali Ram Deepak, directeur du Centre pour les études sur la Chine et l'Asie du Sud-Est à l'Université Jawaharlal Nehru de New Delhi.
? Inviter le président Xi à un autre sommet en Inde indique que les deux parties ont en quelque sorte officialisé ces sommets informels ?, a indiqué M. Deepak au Global Times.
Le sommet informel a pour objectif de permettre aux dirigeants de disposer de suffisamment d'espace pour des discussions individuelles afin que les deux apprennent à se conna?tre et à mieux se comprendre, a-t-il déclaré, notant que les discussions ne se limitaient pas à des questions bilatérales et qu'elles porteraient aussi sur des questions stratégiques et à long terme concernant le développement futur des relations indo-chinoises, fixant leur direction et de nouveaux objectifs, et ouvrant de nouveaux espaces de coopération.
(Rédactrice : Lucie ZHOU)